Ecole catalane, Comminges, seconde moitié du XIIIème siècle

Vierge à l’Enfant, dite aussi Vierge en majesté

Sculpture d'applique en bois de noyer, revers évidé, traces infimes de polychromie dans les creux
(Restauration (avant-bras droit de la Vierge), ajout postérieur de la croix sur le globe, polychromie manquante. Accidents et manques)

H. 49,5 - L. 23,5 cm

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Estimation : 12.000 / 15.000 €

Prix au marteau : 16.000 €

Littérature en rapport :-Sous la dir ection de MP Subes et J.-B. Mathon, Vierges à l’Enfant médiévales de Catalogne, mises en perspectives ; suivi du corpus des Vierges à l’enfant (XIIe-XVe s.) des Pyrénées Orientales, PU de Perpignan, 2013 ;
- Nicole Andrieu, « Les Vierges en Comminges, inventaire, étude et restauration », in Vierges à l’Enfant médiévales de Catalogne, op. cit., pp. 95-103.

Lot 1

 

Oeuvre en rapport :
Vierge à l’Enfant, bois polychromé, H. 100 cm, Basilique Saint-Just de Valcabrère. Vierge à l’Enfant, XIVe siècle, bois polychromé, H. 91 cm, Oratoire de Bordères-Louron.

 

Cette hiératique et gracieuse Vierge à l’Enfant assise en position frontale dérive d’un type iconographique de Vierges en majesté inauguré au milieu du XIIe siècle au portail sud de la façade occidentale de la cathédrale de Chartres. Dite aussi Sedes Sapientiae , ou « trône de sagesse », ce type de Vierge à l’Enfant assise répond au message de l’époque romane diffusé dans les litanies de la Vierge considérant le corps de la Vierge « comme un trône où siège la Sagesse du Père ». L’image symbolise autant le mystère de l’incarnation que le rôle essentiel de la Vierge dans l’histoire du Salut. Cette formule iconographique a connu un vaste succès à travers la France et notamment en Catalogne dès le siècle suivant. Sa diffusion s’est ensuite poursuivie dans une époque du gothique avancée connaissant un immense succès.

Notre œuvre s’intègre dans une famille particulière dite « des Vierges commingeoises », selon la terminologie mise en place par Victor Allègre pour décrire les Vierges à l’Enfant tenant, dans un geste très gracieux de la main droite, une sphère identifiée à une pomme. Les Vierges de ce groupe s’écartent du strict hiératisme du style roman en présentant de belles proportions, une posture et des gestes harmonieux et un visage de la Vierge légèrement souriant. Elles présentent aussi, comme ici, l’enfant Jésus assis sur le genou gauche de la Vierge dans une position légèrement oblique. Toutes portent une même robe à encolure arrondie et finement plissée retenue à la taille par une ceinture, un manteau souple sur les épaules passant sous l’avant du bras droit de la Vierge et retombant en large aplat sur les genoux. Surtout, la forme du drapé s’étalant sur le genou droit dessine un large arceau dans lequel se répandent de part et d’autre des plissés en vagues délicates et parallèles, de même que sur la tunique de l’Enfant Jésus couronné et originellement bénissant de sa main droite. Enfin, l’extrémité du manteau tombe sur le montant droit du trône, seulement figuré comme un simple tabouret. Cette simplification du trône de Sagesse s’inscrit encore dans la mentalité de l’époque romane qui donne au corps de la Vierge, le statut sacré du trône lui-même. Notre œuvre a donc été réalisée au XIIIe siècle par un atelier ayant œuvré dans les Pyrénées orientales et s’inspirant du gothique « souriant » du XIIIe siècle tout en restant attaché au type roman. Ainsi elle se rapproche des Vierges de Garin, Billière, Saint-Aventin, Ore ou Valcabrère en Haute-Garonne, qui présentent les mêmes éléments d’une élégance particulière, tout comme, dans les Hautes-Pyrénées, les Vierges de Mont ou de Bordères-Louron.

08 juin 2021 Crait + Müller Hôtel Drouot, salle 1
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