Ferdinand Barbedienne (1810-1892) d’après un modèle attribué à Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887)

Console aux atlantes

Bronze à patine brune, plateau et couvercle de l’urne en marbre rouge
Signé F Barbedienne
Petits manques

109 x 195 x 62 cm

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Estimation : 20.000 / 30.000 €

Prix au marteau : 62.000 €

N° de lot : 337

Littérature en rapport :– Auguste Luchet, L’art industriel à l’Exposition universelle de 1867, mobilier, vêtement, aliments, 1868 ;
– Florence Rionnet, Les Bronzes Barbedienne - L’oeuvre d’une dynastie de fondeurs (1834-1954) , Arthena, Paris, 2016 ;
– June Ellen Harbrove, Gilles Grandjean, Carrier-Belleuse Le Maître de Rodin, catalogue d’exposition, Palais de Compiègne, 22 mai - 27 octobre 2014, RMN, Paris, 2014.

ŒUVRES EN RAPPORT :
– sous la direction de Pierre Manguin, Albert Ernest Carrier-Belleuse et Aimé-Jules Dalou, Console du grand salon de l’hôtel de la Païva à Paris, 1856-1865, bronze patiné, bronze doré, marbre rouge, onyx, albâtre,Paris, les Arts décoratifs, n°inv. 22626 ;
– sous la direction de Pierre Manguin, Albert Ernest Carrier-Belleuse et Aimé-Jules Dalou, Console du grand salon de l’hôtel de la Païva à Paris, 1856-1865, bronze patiné, bronze doré, marbre rouge, onyx, albâtre, Paris, musée d’Orsay, n°inv. OAO 132.

Cette impressionnante console portée par deux atlantes sculpturaux en bronze s’inscrit dans la production prestigieuse de Ferdinand Barbedienne. Audacieux et créatif, Ferdinand Barbedienne incarne au plus haut point l’entrepreneur à succès qui a su embrasser la Révolution industrielle et se servir de nouvelles techniques pour promouvoir les arts appliqués. Grâce sa rencontre décisive avec Achille Collas, inventeur du génial procédé de réduction mécanique de la sculpture, il met en place une production sérielle de bronzes qui est alors sans précédent. Sa fonderie établie en 1839 se spécialise dans la reproduction d’antiques et promeut aussi très vite les œuvres d’artistes contemporains. Devenue la plus importante fonderie française de bronzes d’art durant la seconde moitié du XIXe siècle, la Maison Barbedienne n’offre pas seulement des bronzes d’ornement ou utilitaires. Collaborant avec des ornemanistes ou des sculpteurs talentueux, Ferdinand Barbedienne propose aussi du mobilier ou des objets décoratifs d’exception, pièce unique ou exécutés en nombre limités. Ces véritables “chefs d’œuvres” sont réalisés à l’occasion des Expositions universelles (dès 1851), comme vitrines du haut savoir-faire de la Maison ou dans le cadre de commandes particulières pour des commanditaires prestigieux. Nul doute que cette remarquable console fasse partie de cette dernière catégorie, comme le laisse penser la trace laissée par un élément arraché, sur l’urne torsadée centrale, qui devait correspondre à une armoirie.

Cette console dont la composition dominée par les deux figures d’atlante s’apparente plus à un monument qu’à un élément de mobilier se rapproche de celles qui ornaient le fameux hôtel de la marquise de Païva (conservées au Musée des Arts décoratifs, musée d’Orsay, musée de Tolédo et collection privée). Les figures formant les éléments principaux de ce meuble de prestige ont été modelés par les sculpteurs Aimé Jules Dalou et Albert Ernest Carrier-Belleuse.

C’est sans doute à ce dernier artiste que Ferdinand Barbedienne a fait appel pour la réalisation de notre console. Son agencement rappelle les monuments fameux de la Renaissance dont l’éditeur d’art est particulièrement friand. Carrier-Belleuse, dont le talent de dessinateur de modèles a contribué à sa reconnaissance au début de sa carrière, a mis très tôt ses talents au service d’autres expérimentateurs dans le monde des arts appliqués, en parallèle des travaux de statuaire qu’il réalise dans son vaste atelier. On reconnait ici son admiration pour l’œuvre de Michel-Ange et particulièrement pour les Ignudi de la Chapelle Sixtine. On les retrouve d’ailleurs dans le modèle de ses remarquables vases en céramique, intitulés Jardinières des Titans qu’il a réalisés en collaboration avec Auguste Rodin (Albert-Ernest Carrier-Belleuse, Les Titans, vase, faïence et terre cuite, piédestal : pierre et bronze, planche N°173 de l’Étude des figures appliquées à la décoration, 1884, Editeur Goupil et Cie, Paris).

La place dominante et déterminante des figures sculptées transcrit sa pensée et correspond à ses créations dans le domaine des arts décoratifs : la figure humaine comme élément décoratif apparait comme primordiale. C’est ce qu’enseigne son ouvrage Etude des figures appliquées à la décoration compilant 200 dessins, publié en 1866, pour servir de modèles aux jeunes artistes.

Cette spectaculaire console témoigne de l’association réussie entre le plus grand éditeur de bronzes et le plus célèbre sculpteur de la seconde moitié du XIXe siècle. Tous deux, curieux et investis, ont contribué aux renouvellement des techniques sous le Second Empire tout en s’attachant à préserver la qualité et les formes des siècles passés.

09 décembre 2022 Crait & Müller Hôtel Drouot, salle 10
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