La sculpture et la terre : histoire artistique et sociale du jardin de sculpture en Europe (1901-1968)
Établir que la sculpture et le jardin suivent une longue histoire commune relève du lieu commun. Au XXe siècle pourtant, le jardin de sculpture est devenu un espace porteur dans l’évolution des arts plastiques. Lieu intermédiaire entre la ville et le paysage, le jardin est un champ d’expérimentation formelle pour les artistes en même temps qu’une proposition muséale ouverte. La première partie de l’étude porte sur le temps des prototypes (1901-1945), marqué par la diversité des pratiques : le plein air attire autant les sculpteurs questionnant leur rapport à la tradition et à la nature que les collectionneurs qui par leurs choix d’exposition posèrent les jalons d’une histoire de la sculpture en marche. Dans tous les cas, l’ancrage à la terre est fort. La deuxième partie traite de l’affirmation institutionnelle du jardin de sculpture dans la reconstruction (1945-1958). Réel ou imaginaire, le musée de sculpture en plein air est un champ où s’expriment les forces de la sculpture contemporaine, où s’affirment au public les questions sculpturales de l’avant-garde et où s’opère une mutation de la dialectique nature/(s)cul(p)ture. La troisième partie concerne les déplacements du jardin de sculpture (1958-1968) : de la nature à la ville dans une volonté des artistes d’investir pleinement l’espace public et d’acteurs culturels trouvant dans l’architecture un autre « en-dehors », mais aussi de la ville à la nature avec un retour à la terre de collectionneurs et directeurs de musées visionnaires concevant des espaces paysagers spécifiques, posant les prémices d’un art in situ dans le cadre institutionnel.
Louis GEVART, « La sculpture et la terre : histoire artistique et sociale du jardin de sculpture en Europe (1901-1968) », thèse de doctorat sous la direction de Thierry Dufrêne, Université Paris 10 Nanterre, janvier 2017.