Lorraine, XVème siècle
Vierge à l’Enfant dite « Vierge à l’Enfant de La Mothe »
Fort-relief en pierre polychromée
Cassée au niveau des genoux de la Vierge, tête de l'enfant désolidarisée, accidents, attribut dans la main gauche manquante, polychromie rapportée sur la partie supérieure ou décapage de la polychromie en partie inférieure, lacunes aux différentes strates de polychromie.
Hauteur totale : 133 cm, en deux parties ; H. partie inférieure : 46 cm ; H. partie supérieure : 87 cm
Provenance : Ancienne Ville de La Mothe (Soulaucourt-sur-Mouzon, 52) ; collection particulière lorraine en 1982, par successions.
Estimate : 17.000 / 22.000 €
Hammer Price :
N° de lot : 102
Sculpture classée Monument historique au titre objet par arrêté du 1982/03/09. Taillée en fort relief, cette majestueuse madone se tient debout dans une attitude légèrement en contrapposto. Elle porte sur la hanche droite l’Enfant Jésus, le torse dévêtu et portant un drapé lui couvrant les jambes. Il tient entre ses mains un oiseau qu’il regarde, amusé. La Mère de Dieu est coiffée d’un long voile et d’une couronne qui encadrent son visage à l’expression attendrie. Sa main gauche qui tenait originellement un attribut se dégage à peine de son manteau relevé en oblique, formant un tablier sur le devant de la robe animé d’important plis en « V ». Les deux pans retombant sur ses épaules cachent son corsage et forment des plis mouvementés sur les côtés.
Tout en s’inscrivant dans la tradition de la statuaire mariale du XIVème siècle, notre Vierge à l’Enfant présente les innovations apparues dans l’iconographie du XVème siècle : des interactions plus démonstratives entre la Vierge et l’Enfant, des émotions plus expressives et des vêtements aux drapés plus complexes. Réputée pour avoir été retrouvée dans la ville de La Mothe située aux confins de la Champagne, de la Lorraine, de la Bourgogne et de la Franche-Comté, cette sculpture présente des influences du style bourguignon du XVème siècle, notamment dans le traitement du manteau de la Vierge.
Par sa provenance, c’est toutefois à l’histoire de la Lorraine que notre œuvre est intimement liée.
La forteresse de La Mothe, construite sur décision de la régente de Lorraine Christine de Danemark, nièce de Charles Quint, en 1546 était la seconde place forte de Lorraine après Nancy, à la frontière du belliqueux Royaume de France. Elle a été érigée sur le lieu d’une ancienne ville fondée en 1258, fortifiée sans doute dès 1398 à la demande de Robert Ier, comte de Bar. La ville comprenait à la fin de l’époque médiévale une église collégiale et paroissiale, un couvent des Récollets et un couvent des Augustines qui ont pu conserver en leurs murs cette belle sculpture mariale.
Lors de la Guerre de Trente Ans, la forteresse subit les assauts des Français. Sur ordre du Cardinal de Richelieu, puis du Cardinal de Mazarin, La Mothe fut assiégée en 1634 et 1641-42 avant de se rendre et d’être totalement démantelée en 1645. Par son action héroïque, la ville de La Mothe est considérée comme le symbole de la résistance de la Lorraine face à l’oppresseur.
Notre Vierge à l’Enfant connue comme « Vierge de La Mothe » a été jugée digne d’un classement au titre des Monuments Historiques en 1982, « comme vestige de la propriété des Ducs de Lorraine, rasée sur ordre de Mazarin en 1645 ».
