Visions de l’Amérique par David d’Angers – Gazette Drouot

Gazette Drouot n°11
15 mars 2024

Essentiellement dédiée à la peinture ancienne, cette vacation met aussi en lumière deux bas-reliefs du sculpteur. Exceptionnels par leur taille et leur sujet, ils sont aussi inédits sur le marché.

Ces œuvres n’ont jamais été vues en ventes publiques. Et pour cause, elles étaient conservées dans une caisse en bois, au fond d’une grange, dans une propriété des envi- rons d’Angers. Inconnus du public puisque jamais exposés, ces bas-reliefs proviennent de la collection de Victor Pavie, avocat, imprimeur, éditeur et ami intime de David d’Angers, qui les lui avait offerts. Ils sont demeurés dans la famille du récipiendaire. Là ne sont pas bien leurs seuls atouts… Sou- lignons également leurs dimensions et bien sûr leurs sujets. Le premier (voir photo), en plâtre patiné, met en scène Les Bienfaits de l’imprimerie en Amérique. C’est une esquisse du piédestal du Monument en l’honneur de Johannes Gutenberg, sur la place du même nom à Strasbourg, qui occupa le chef de file de la sculpture romantique pendant les années 1835-1842. L’artiste – qui vient de se distinguer par la réalisation du fronton du Panthéon à Paris – exécute à ses frais les maquettes de la statue et des quatre bas- reliefs du piédestal, où il illustre les bienfaits de l’imprimerie sur les quatre continents. Républicain, il trouve dans la conception de la sculpture un moyen d’exprimer ses idées politiques et son intérêt pour l’histoire de l’in- dépendance des États-Unis. Une souscription publique paie la transposition en bronze de la statue, haute de plus de 3 mètres, du génie allemand tenant sa bible à la main. Elle est inaugurée du 24 au 26 juin 1840, alors même que les bas-reliefs ne sont pas achevés. Notre esquisse du relief final de L’Amérique montre les penseurs, politiciens et écrivains dont les idées ont été diffusées grâce au procédé de l’impression à caractères mobiles. Le second bas-relief (52 x 94 cm), en terre cuite cette fois, montre Cheverus portant les consolations aux sauvages (20 000/30 000 €). Daté de 1845, il s’inscrit dans le processus créatif du monu- ment du cardinal de Cheverus commandé au sculpteur par la ville de Mayenne, cité natale du prélat. Et illustre sa mission d’évangélisa- tion chez les Amérindiens passamaquoddys et penobscots. Les modèles originaux des bas- reliefs en plâtre sont conservés au musée des beaux-arts d’Angers. Quelle destination pour nos esquisses ? Réponse dans quelques jours…

14 mars 2024