Sous protection mariale – Gazette Drouot
Gazette Drouot n°15
12 avril 2024
Entre un ivoire du XVIIe siècle préempté par le Louvre et quatre tableaux de Vlaminck, la vacation se déroulait sous un ciel clément.
Si Claude Beissonat – l’auteur de la virtuose Vierge de l’Immaculée Conception reproduite page de droite – est encore mal connu, son talent de maître ivoirier est indéniablement immense. La préemption de la statuette (pour 215 915 €) par le musée du Louvre va sans doute initier une nouvelle session de recherches et ainsi permettre d’en apprendre plus sur son parcours. Déjà, la pièce sculptée se révèle un jalon de la production de celui qui, depuis la Franche-Comté de sa naissance, prit le chemin de l’Italie et s’installa à Naples, alors sous domination espagnole. À
n’en pas douter, il a conçu cet objet de dévotion sur commande, et très certainement pour un personnage de haut rang. Le dogme de l’Immaculée Conception, apparu au cours du Moyen Âge tardif et défendant la conception virginale de Marie, préservée du péché originel, triomphe au XVIIe siècle, particulièrement en Espagne, terre de grande foi. On sait que de nombreuses personnes – ainsi que des universités – se sont faites «immaculistes». La ferveur pour la doctrine mariale, qui est alors à son apogée, suscite de nombreuses réalisations, tant en peinture qu’en sculpture, et a donné naissance à ce petit chef-d’œuvre, qui rejoint donc les collections du Louvre.
Provenant d’un particulier lié amicalement au peintre (voir Gazette n° 10, page 12), quatre toiles de Maurice de Vlaminck prenaient un nouveau chemin, mais pas à bicyclette ! La Mare en forêt (voir ci-dessus), peinte en 1937, voyait son ciel hivernal s’éclairer de 101 400 € et la Maison à La Jonchère, de 1918-1919 (60 x 73 cm), faisait briller son toit de tuiles rouges à 50 700 €. Quant aux objets ayant appartenu à Dina Vierny (1919-2009), muse de Maillol, galeriste et mécène, ils
recevaient 81 230 € au total. 20 800 € revenaient notamment à une figurine en porcelaine (h. 22 cm) de lancier polonais – prenant les traits du prince Joseph Poniatowski (1763-1813) –, produite par la manufacture russe Gardner au début du XIXe siècle. Ainsi dotée, la session se concluait sur le produit de 986 116 €, le bas-relief en marbre de L’Enlèvement des Sabines (voir Gazette n° 12, page 53), étant déposé à 10 240 €.