Quand Dalou influençait l’Angleterre – Gazette Drouot

Provenant d’une collection particulière, deux sculptures en terre cuite évoqueront la riche période de production d’Aimé-Jules Dalou en Angleterre. Admiré et reconnu outre-Manche, où il passa un exil forcé à Londres, de 1871 à 1879, en raison de son soutien aux communards, Aimé-Jules Dalou y a connu deux grandes commandes: celle du monument à la mémoire des petits-enfants de la reine Victoria et celle de La Charité de la fontaine du Royal Exchange de Londres. La terre cuite reproduite page de droite, représentant une femme assise allaitant un enfant tandis que deux autres l’entourent, s’y cramponnent et semblent vouloir se disputer le sein maternel, est à rattacher au corpus des œuvres préparatoires de ce dernier groupe. En la comparant avec le bronze actuellement en place, en remplacement du marbre exécuté en 1877, on y retrouve la composition générale inversée, l’enfant agrippé dans le dos en moins. Notre œuvre, modelée avec nervosité, pourrait donc être une première ébauche, antérieure à celle – très proche et de plus grandes dimensions – conservée au Victoria and Albert Museum. De même époque, la seconde terre cuite, Vierge à l’Enfant avec saint Jean-Baptiste, dite aussi Madone assise avec deux enfants (ci-contre), serait une esquisse d’un groupe détruit par l’artiste, dont on n’avait conservé qu’un croquis et des descriptions par son biographe Maurice Dreyfous. Cette version inédite, avec quelques variantes, s’inspire des statues de dévotion du XVIIe siècle et serait annonciatrice, stylistiquement, de La Charité. Un art alliant savamment codes conventionnels et modernité du sujet, très intimiste, et dont l’influence sur la sculpture britannique fut durable.

 

SAMEDI 16 DÉCEMBRE, VENTE À HUIS CLOS. LA PASSERELLE DES ENCHÈRES OVV. CABINET LACROIX-JEANNEST.

14 décembre 2023