NOUVEAU RECORD FRANÇAIS POUR CAMILLE CLAUDEL
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Vendredi 21 février 2025
Gazette Drouot n°7
Considéré en son temps comme le chef-d’œuvre de Camille Claudel, L’Âge mur et la Jeunesse, ici dans une fonte de Blot numérotée 1, offrait son deuxième meilleur prix à la sculptrice.
Surgi de l’ombre au hasard d’un inventaire, il dormait depuis quinze ans sous un drap dans un appartement parisien. La réapparition de ce bronze de L’Âge mûr de Camille Claudel était pour le marché de l’art un véritable événement, quand on sait que les exemplaires en mains privées ne sont pas encore tous localisés (voir couverture et page 6 de la Gazette 2024 n° 46, et page 90 de la Gazette n° 5). Ainsi, il y avait foule à Orléans pour assister à cette vente hors norme, les 350 places qu’offrait la salle ont été prises d’assaut. À l’issue d’une bataille téléphonique entre cinq enchérisseurs, la sculpture au sujet dramatique recevait 3 663 000 €, se hissant au deuxième rang des meilleurs prix de Camille Claudel – juste après La Valse, première version, vendue 5,1 M£ chez Sotheby’s Londres en 2013 – et marquant un nouveau record français (source Artnet). Un résultat au double de l’estimation basse, qui s’explique par la rareté de l’œuvre sur le marché, qui en sus porte le n° 1 fondu par Eugène Blot pour une sculpture dont on ne connaît que trois autres exemplaires conservés dans les collections publiques françaises : au musée d’Orsay et au musée Rodin à Paris, et une autre au musée Camille-Claudel de Nogentsur-Seine.
Cette œuvre autobiographique de l’artiste, créée au moment de sa rupture avec Rodin, a connu une genèse longue et difficile, et évoque les trois âges de la vie réunis en une même composition vibrante et rythmée. Provenant du même appartement réveillé de sa léthargie en septembre 2024, peintures et sculptures rencontraient aussi un beau succès. Plusieurs d’entre elles étaient exposées en page 91 de la Gazette n° 5. La fonte posthume de Pénélope au fuseau de Bourdelle acceptait 19 679 €, tandis que la toile La Baie des Canoubiers à Saint-Tropez de Charles Camoin recevait 18 449 €. Peinte en Espagne en 1965, la Femme à la tranche de pastèque et à la cage aux oiseaux d’Emilio Grau Sala partait à 12 423 €. Elle aussi peinte dans le Sud et bénéficiant d’une autre provenance, la rare toile fauve d’Émile Othon Friesz (voir page 19 de la Gazette n° 5 et ci-dessus), s’illuminait à 129 490 €.
ORLÉANS, DIMANCHE 16 FÉVRIER. PHILOCALE OVV. CABINETS LACROIX-JEANNEST, PERAZZONE-BRUN.