LIPCHITZ FAIT SON CIRQUE…

Gazette Drouot n°24
Vendredi 20 juin 2025
… et cela lui réussit. La preuve en volume et en ouverture avec cet Arlequin en bronze jouant de sa mandoline.
Entre 1924 et 1926, Jacques Lipchitz travaille sur une série de sculptures évoquant les thèmes de la musique et du cirque qu’il appelle les «transparents». En rupture avec le cubisme, il conçoit des sculptures à claire-voie dans lesquelles le vide l’emporte et les formes souples tendent à s’éloigner des formes cubistes. Il en parlait ainsi dans My Life in Sculpture, publié en 1972 : «Ces transparents, qui m’arrivèrent sans y prendre garde, furent une expérience fantastique.» Après avoir travaillé les années précédentes sur des constructions solides et sur la simplification des formes, toujours autour du thème de la figure humaine, il s’amuse à jouer avec l’espace : « Une sorte de construction ouverte, lyrique, qui agit sur moi comme une révélation […] C’était comme si j’avais découvert un concept, entièrement nouveau, de sculpture en tant qu’espace, l’âme immatérielle de la sculpture plutôt que sa corporéité physique. » Cet Arlequin jouant de la mandoline – un thème récurrent dans son œuvre en référence à la peinture de Watteau, qu’il admirait –, dont le modèle a été créé vers 1926, en offre une joyeuse démonstration.
VENDREDI 27 JUIN, SALLE 1 – HÔTEL DROUOT. CRAIT+ MÜLLER OVV. CABINET LACROIX-JEANNEST
Jacques Lipchitz (1891-1973), Arlequin assis avec mandoline, bronze à patine brune, cachet du fondeur « C. Valsuani Cire Perdue », h. 21,5 cm, terrasse 12,7 x 11,8 cm. Estimation : 40 000/60 000 €