Le Clodion du XIXe siècle – Gazette Drouot

 

 

 

Le 17 novembre 2021, par Caroline Legrand

 

Créée en 1868, l’Amazone captive illustre la géniale faculté d’adaptation de Carrier-Belleuse, capable de mêler tradition néoclassique, romantisme et orientalisme.

Ce marbre serait-il celui que le sculpteur avait créé en 1868 spécialement pour une vente aux enchères de ses œuvres, qu’il avait lui-même organisée à l’hôtel Drouot ? Le succès rencontré par l’Amazone captive fut tel que plusieurs versions, tant en bronze qu’en marbre, ont été réalisées à la suite… Maître de Rodin, artiste incontournable du second Empire, Albert-Ernest Carrier-Belleuse était surnommé le «Clodion du XIXe siècle». C’est dire la maîtrise de celui qui maniait le ciseau avec virtuosité, et a redonné vie à la sculpture française classique. Mais cet habile artiste, qui sut mener avec intelligence sa carrière tant financièrement qu’artistiquement, a également prouvé qu’il savait s’adapter, comme en témoigne justement l’Amazone captive. Lorsqu’il la réalise, Carrier-Belleuse est à l’apogée de sa carrière. Il représente une femme sensuelle, au charme exotique, tout juste vêtue d’un voile, comme dans les œuvres orientalistes, très en vogue à cette époque. Privée de sa liberté, elle est enchaînée à un arbre, ses armes déposées au sol. Cette composition fait aussi référence à la Psyché abandonnée d’Augustin Pajou (conservée au musée du Louvre) par sa position presque assise, créant un fort contrapposto, et s’inspire de plus des figures emblématiques de femmes prisonnières que sont Andromède ou Angélique délivrée par Roger. Ce dernier sujet est tiré du Roland furieux de l’Arioste, poème chevaleresque de la Renaissance souvent repris par les romantiques, et traité notamment par Ingres.

 

samedi 27 novembre 2021 – 14:30 – Live Hôtel des ventes, 70, rue Vendôme – 69006 Lyon De Baecque et Associés

25 novembre 2021