L’Afrique au coeur – Gazette Drouot

01 décembre 2023
Gazette Drouot n°43

Les sculptures de Jeanne Tercafs sont très rares en ventes publiques. Celle-ci illustre l’intérêt de l’artiste belge pour l’Afrique et sa fascination pour le peuple mangbetu.
Vous connaissez Anna Quinquaud (1890- 1984), voici sa cadette Jeanne Tercafs. La première est née à Paris dans un milieu aisé, la seconde dans le Limbourg, au sein d’une famille modeste. Elles partagent toutefois des caractères audacieux et une œuvre remarquable par sa pureté. La preuve avec ce portrait intemporel de jeune femme, conciliant représentation idéalisée et recherche de perfection formelle. Un parti-pris qui ne va pas de soi dans les années 1930, où la mode est aux œuvres ethnographiques. L’horizon belge lui semblant étriqué, la jeune femme s’installe à Paris. Ses œuvres y sont exposées, interpellant par leur dépouillement, voire leur austérité. Elles n’ont alors aucun rapport avec l’Afrique. C’est par l’intermédiaire du maréchal Lyautey qu’elle «entre en contact» avec le «continent noir». Elle fera trois séjours au Congo entre 1935 et 1940. «Le Pays des sculpteurs», dit-elle… Volontairement isolée de tout contexte colonial et sans rapport avec les Européens sur place, elle tente de vivre en osmose avec la population mangbetu, dont elle parvient à gagner la confiance par le biais des femmes et des enfants. Dans ses notes «ethnographiques», Jeanne Tercafs évoque ses relations avec les principales personnes représentées. Odani (ou Odane), dont notre œuvre pourrait être un portrait, était l’un de ses modèles préférés. Elle était la fille du prêtre d’Atoro et d’une femme issue d’une tribu dont provenait Niapu, chef des «Medje-Mangbetu». Une artiste à découvrir ou à redécouvrir, presque quatre-vingts ans après son décès.

VENDREDI 8 DÉCEMBRE, SALLE 10 – HÔTEL DROUOT. CRAIT + MÜLLER OVV. CABINET LACROIX-JEANNEST

05 décembre 2023