Joseph Chinard dicte sa Loi

Gazette Drouot n°43
Vendredi 5 décembre 2025

Avec sa terre cuite au thème révolutionnaire, le sculpteur déclenchait une préemption pour Versailles, tandis qu’un Foujita ludique signait une table évoquant les plaisirs du jeu et du tabac accompagné d’un briquet de circonstance. Admirée dans la Gazette n° 40, page 185, la statue hiératique de La Loi en terre cuite, créée par Joseph Chinard vers 1793-1794, était au centre de toutes les convoitises. C’est finalement le château de Versailles qui l’aura préemptée pour 72 525 €. Il est vrai qu’elle s’inscrit parfaitement dans un contexte historique qui voit la fin de l’Ancien Régime, puisque réalisée certainement à Lyon, lors de la Terreur, et du séjour de Chinard à son retour de Rome. Ainsi, l’effigie révolutionnaire arbore les inscriptions « LOIX REPUBLICAINES » et « DROITS / DE L’HOMME » sur la face et le côté droit des tables des lois républicaines proclamant les nouvelles règles de la société. Son parcours n’en est pas moins intéressant, puisqu’elle vient de réapparaître après avoir disparu. Elle fut pourtant l’une des pièces remarquées de l’exposition consacrée à Chinard au pavillon de Marsan au Louvre en 1909-1910. Bien différent s’affirmait le lot suivant : une délicate table basse créée par Jules Leleu vers 1930 présentant un décor signé de Léonard Tsuguharu Foujita, qui était adjugée pour 26 900 €. Ce meuble appelé « Table à jeux » ou « Table du fumeur » a été réalisé en placage d’acajou à plateau carré où sont disposés en un savant trompe-l’œil de petits objets usuels en marqueterie de bois teinté d’essences différentes et incrustations d’ivoire et de nacre sur fond de marqueterie d’acajou blond. On y retrouve les lunettes rondes, la pipe, la montre à gousset et le crayon du peintre japonais… (41 x 69,5 x 69,5 cm). Un singe fermait la marche des meilleurs résultats : celui-ci prête ses contours à un briquet de table en argent de la maison Fabergé, destiné à allumer les cigares. Empoché à 23 775 €, le primate est en position assise, regardant vers l’arrière, la queue servant de réceptacle à mèche, la tête s’ouvrant à charnière, l’intérieur en vermeil monogrammé « WY ». L’accessoire a vu le jour à Saint-Pétersbourg, en 1899-1904, ciselé par l’orfèvre Julius Rappoport pour Carl Fabergé (11 x 9,5 cm, poids 389,60 g).

LYON, SAMEDI 22 NOVEMBRE. DE BAECQUE ET ASSOCIÉS OVV. MME MARCILHAC, MM. CHARRON, LAPORTE, CABINET LACROIX – JEANNEST.

Joseph Chinard (1756-1813), La Loi, vers 1793-1794, statuette en terre cuite originale patinée, inscriptions « LOIX REPUBLICAINES » et « DROITS / DE L’HOMME » sur la face et tables des lois républicaines sur le côté droit, h. 47,5 cm. Adjugé : 72 525 €

05 décembre 2025