Janniot, le goût de l’essentiel – Gazette Drouot
10 juin 2022
Gazette Drouot n°23
Claire Papon
Si vous pensiez à une figure de la Grèce ancienne, vous n’en êtes pas loin. Ce torse de femme en bronze illustre l’intérêt d’Alfred Janniot pour les œuvres antiques.
Estimation : 20 000/30 000 €
Formé à l’École des beaux-arts de Paris, lauréat du prix de Rome en 1919, Alfred Janniot s’applique, au cours de son pensionnat à la villa Médicis, à la technique du relief en pierre, qu’il préfère à l’étude du modelage et de la ronde-bosse. Son envoi de Rome, un bas-relief figurant Éros, retranscrit sa prédilection pour les sujets puisés dans l’Antiquité, les canons longilignes des corps typiques de la Renaissance, une simplification des lignes jointe à une épure des modelés et des attitudes issues de la mythologie. Pour preuve, les figures qu’il réalise pour le Palais des Colonies de la Porte Dorée en 1931, ou ses bas-reliefs pour l’esplanade du Palais de Tokyo en 1936. Mais aussi ses dessins de baigneuses et le Torse de Cécile (voir photo), épouse et muse d’Alfred Janniot, issus de la décoration de La Thébaïde, dans le Val-d’Oise, la villa de Gérard Ducos, chez qui le sculpteur est accueilli en 1943, à la suite du bombardement de son atelier parisien. Créé vers 1927-1929, après avoir réalisé son Hommage à Jean Goujon, commandé par Jacques-Émile Ruhlmann et présenté à l’Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925, ce torse généreux, rappelant l’Aphrodite de Cnide, subit quelques variantes, notamment dans la découpe des jambes du modèle. Quelques épreuves sont tirées en bronze par Eugène Rudier du vivant de l’artiste. La nôtre est l’une des deux connues – à ce jour – fondues en 1936, sa jumelle étant visible jusqu’au 18 septembre au musée des beaux-arts Antoine Lécuyer de Saint-Quentin, dans le cadre de l’exposition «Alfred-Auguste Janniot, de l’atelier au monumental».