Claudel ou Boucher : des corps si désirables – Gazette Drouot
Gazette Drouot N°13
29 mars 2024
Deux grands noms de l’art français ont brillé lors de cette vente occitane : la célèbre sculptrice au parcours tourmenté avec un bronze numéroté, et le peintre des grâces dix-huitième, avec une sanguine. La salle retenait son souffle lors du passage de ce bronze célébrissime, attendu par tant d’acheteurs nationaux et internationaux, présents ou au téléphone… L’Abandon, petit modèle, bronze de Camille Claudel, s’est envolé jusqu’à 1 066 400 €, à partir d’une estimation haute de 300 000 €, finalement acquis par un collectionneur français. L’artefact, doté d’une belle patine brun-rouge et vert nuancé, a été vu sur la couverture de la Gazette n° 9 (et analysé page 9 dans le même numéro). Rappelons que cette série, réalisée entre 1905 et 1937, comporte quatorze épreuves sur les vingt-cinq prévues. Il s’agit ici de la version mesurant 43 cm de hauteur, une autre d’environ 62 cm existant également, cette dernière occupant les premières places dans le palmarès des scores (source Artnet). Notre couple d’amoureux porte, lui, le
numéro 7, comme l’indique une inscription sur l’artefact, accompagnée du cachet du fondeur attitré de la sculptrice, Eugène Blot : « Eug. Blot Paris». Œuvre jalon dans la vie et la carrière de Claudel, L’Abandon connaît une première version en terre, vers 1886, alors que sa créatrice est encore dans l’atelier d’Auguste Rodin. Transposé en bronze, le groupe deviendra emblématique de la relation tourmentée liant les deux amants, rompue en 1898. Autre perle de la vacation sudiste, la sanguine exécutée par François Boucher et représentant une Femme allongée (voir Gazette n° 11, page 181). La feuille (26,3 x 35 cm), bien représentative de l’art du nu féminin cher à son créateur et à son époque galante, devait attirer 26 040 €. Précisons qu’elle est dûment référencée dans le catalogue raisonné de l’artiste par Alexandre Ananoff (1976, tome II, n° 391/6). Enfin, un vase pansu en porcelaine de Chine, datant probablement du XVIIe siècle (h. 32,5 cm), se faisait également remarquer : décoré d’un dragon en relief, il récoltait 8 680 €.