Un Pompon inédit et historique !
Gazette Drouot n°39
01 novembre 2024
Véritable icône de l’art animalier de l’époque art déco, l’ours de Pompon, qui a connu une longue vie, apparaît dans une fonte en bronze au pedigree impeccable, celui de Joseph Laforge. PAR ANNE DORIDOU-HEIM
Voici désormais un peu plus de cent ans que l’Ours blanc de François Pompon hume l’air avec cette même détermination et ce naturel qui en ont fait une icône absolue et jamais détrônée de l’art animalier de la première moitié du XXe siècle. Si cet ancien praticien de Rodin ne savait pas qu’il livrait un monument à la postérité, il a pu tout de même en suivre les premiers pas, qui furent vite prometteurs ! Écoutant les encouragements de ses amis, le sculpteur Antoine Bourdelle et le peintre René Demeurisse, il participe pour la première fois au Salon d’automne de 1922 et y présente un plâtre de grand format d’un ours blanc. Le succès est immédiat et voici notre plantigrade décliné dans divers matériaux et dimensions et avec de légères variantes tout particulièrement au niveau des pattes (voir Gazette 2022, n° 44, page 20). Autant de célébrité nécessite de prendre des précautions et d’être d’une grande précision quant à la traçabilité de l’œuvre proposée. Celle-ci, en bronze à patine brune, appartient à la version « E », référencée dans le catalogue raisonné de 1994. Soit celle dont la patte postérieure droite est coupée par l’antérieure et porte le numéro « 9 ». Elle a été conservée jusqu’à ce jour dans la descendance de Joseph Laforge, un galeriste et collectionneur grenoblois connu et respecté de son temps pour avoir fait véritable œuvre de mécène culturel pour sa région. Les experts Élodie Jeannest et Alexandre Lacroix ont croisé les livres de comptes et remonté son origine, un vrai travail d’enquêteur… Ainsi, ils rappellent que tout en « gardant la pleine propriété de ses modèles », Pompon engage le tirage de vingt bronzes dès 1922 et les confie à la vente à Alfred Poyet pour la galerie SaintPierre de Lyon. Deux ans plus tard, le 24 novembre 1924, le sculpteur renouvelle son contrat avec Alfred Poyet ; il signe également un même contrat avec la galerie Saint-Louis à Grenoble, celle de Joseph Laforge, pour la commercialisation de certains modèles, dont l’ours polaire – ils y seront exposés dès juin 1925. Les premiers bronzes ne portent pas de cachet de fondeur mais l’on sait qu’ils ont été réalisés soit par Hébrard, soit par Claude Valsuani. Forts de ces informations, il est raisonnable de penser que celui-ci appartient à la commande passée en novembre 1924 par le marchand grenoblois, et selon toute vraisemblance pour le conserver dans sa collection. Une œuvre inédite et historique qui s’apprête à faire ses premiers pas – assurés ! – aux enchères.
JEUDI 28 NOVEMBRE, SALLE 14 – HÔTEL DROUOT. AUDAP & ASSOCIÉS OVV. CABINET LACROIX JEANNEST