Alfred Boucher (1850-1934)

Volubilis ou « Aux champs », version complète

Haut-relief en marbre blanc
Signé "A. BOUCHER" sur la base

H. 55 x L. 43 x P. 24,5 cm

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Estimation : 20.000 / 30.000 €

Prix au marteau : 32.000 €

Littérature en rapport :- Piette Jacques : Alfred BOUCHER, l'oeuvre sculpte, catalogue raisonne : Editions Mare et Martin, Paris, 2014, p.188, A.38.A ;
- Piette Jacques : Alfred Boucher, sculpteur et philanthrope, La Ruche, cite des artistes, edite a l'occasion de l'exposition tenue a Evian, editions Alternatives 2009, pp.102 - 110 ;
- Piette Jacques : Camille Claudel revelee par Boucher et Rodin, catalogue de l'exposition, musee de Nogent-sur-Seine, 2003 ;
- Piette Jacques : Centenaire du musee de Nogent-sur-Seine, centenaire de La Ruche, catalogue de l'exposition, musee de Nogent-sur-Seine, 2002 ;
- Piette Jacques : Alfred Boucher, 1850-1930, sculpteur - humaniste, catalogue de l'exposition, musee de Nogent-sur-Seine, 2000 ;
- Piette Jacques, Heran Emmanuelle : Sculptures, Nogent-sur-Seine, catalogue de la collection des sculptures du musee de Nogent-sur-Seine, Aube, 1995 ;
- Piette Jacques, Meyer Helene, Rouquet Chantal, Warnod Jeanine : Alfred Boucher peintre, aspects meconnus, catalogue de l'exposition, musee de Nogent-sur-Seine 1990.

Lot 75

 

OEuvres en rapport :
– Alfred Boucher, Aux champs, marbre blanc, H.137 x L. 92 x P. 50 cm Ville de Prayssac, Région Midi-Pyrénées ;
– Alfred Boucher, Salon de 1896, dimensions non connues, oeuvre offerte au musee de Nogent-sur-Seine (disparue) ;
– Alfred Boucher, dimensions non connues, mais de taille modeste, oeuvre figurant dans l’atelier de Boucher en 1902, non situee.

 

En 1894, Alfred Boucher est chargé de créer le monument funéraire de Ferdinand Barbedienne. C’est dans ce contexte précis que se situe la naissance de notre œuvre. Le sculpteur modèle une figure féminine assise, allégorie de la Vie éteignant son flambeau. Si le sujet représenté n’est pas le même, l’attitude générale de la Volubilis de 1896 se précise déjà.

Présentée au Salon de 1896, le premier modèle de Volubilis obtient un immense succès pour la critique qui goûte « avec délices la grâce chaste et la délicatesse ingénue de cette figure en haut-relief de jeune fille qui se détache sur un fond de haute futaie ciselé avec une rare finesse en plein marbre. » (François Thiébault-Sisson, Le Salon de 1896, Paris & New-York, Boussod. Valadon & Cie éd., 1896, p. 60).

La réussite de ce sujet s’illustre par ses qualités esthétiques et par la maîtrise technique dont Alfred Boucher fait preuve. L’on y pressent l’influence de sa formation. Très tôt il acquiert une maitrise technique auprès de Joseph Marius Ramus qui décèle chez le jeune homme des prédispositions artistiques et le présente au sculpteur Paul Dubois. Auprès de ce dernier et à l’École des Beaux-Arts, Alfred Boucher va s’imprégner du goût pour l’idéalisation des corps féminins.

Si Dubois, chef de file des « florentins », trouvait dans le Quattrocento un point de départ à la création de ses figures, Boucher s’affranchit de son maître en puisant dans le maniérisme une exaltation plus puissante du corps féminin. La pose de cette Volubilis vient ainsi magnifier la ligne et les formes de ce nu féminin, dans la lignée des figura serpentinata. Boucher répond ainsi au goût du XIXème siècle pour des figures idéalisées, voluptueuses et délicates, d’une sensuelle innocence, tout en renouvelant cet art en s’inspirant non plus de l’héritage néoclassique mais de la Renaissance italienne et du maniérisme bellifontain. Le traitement du marbre se fait ainsi michelangélesque par le contraste entre la douceur des chairs et le non finito du fond. 

Cette recherche esthétique assurera le succès de cette Volubilis et fort de cette observation du passé et des grands maîtres, Alfred Boucher décline le modèle dans de nombreuses variantes, chacune propre à mettre en valeur le goût de l’artiste sur le travail des contrastes. Cette série des Volubilis se déclinent en plusieurs « groupes », ceux des modèles à mi-corps, et ceux des figures en pieds, plus rares, auxquels se rattache ce magnifique marbre. Si l’attitude de la jeune fille demeure la même, se détachant plus ou moins en relief du fond, chaque œuvre devient par les variations sur le décor arboré du fond, le traitement de la base et la partie supérieure du bloc de marbre une pièce unique. Boucher exploite ici parfaitement le principe du multiple, qui n’est plus celui du XIXème siècle, répétant à l’identique grâce aux procédés d’agrandissement et de réduction un modèle original, mais celui du XXème siècle qui voit dans la notion de série l’occasion de donner par de légers changements une nouvelle dimension à chaque modèle. 

Mais au-delà de la perfection artistique recherchée ici dans l’idéalisation du corps féminin l’œuvre de Boucher s’élève bien au-delà d’une simple représentation rêvée. Ce marbre est une évocation puissante de la voix poétique de René François Sully Prud’homme, poète parnassien qui publie dans son recueil des Solitudes le poème « Le Volubilis », messager du cœur pour celui qui est dans la solitude de la tombe. Alfred Boucher offre ainsi au regard un poème empreint de mélancolie et d’une sensibilité fragile. Il maîtrise le marbre pour faire de cette matière une écriture poétique à la manière du mouvement parnassien qui modèle et taille la « matière poétique ».

Un certificat d’authenticité établi par monsieur Piette, Conservateur honoraire du Patrimoine , Expert de l’oeuvre d’Alfred BOUCHER , en date du 14 mars 2021 sera remis à l’acquéreur.

28 avril 2021 Audap & Associés Hôtel Drouot, salle 10
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