ALLEMAGNE DU SUD ou ITALIE DU NORD, probablement dernier tiers du XVIe siècle.

Vierge à l’enfant allaitante dite aussi Vierge

Statuette en ivoire
Poids : 1340,67 g
Quelques petites craquelures et salissures

H. 20,5 cm

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Estimation : 3.000 / 4.000 €

Prix au marteau : 5.200 €

N° de lot : 130

Littérature en rapport :

Assise sur un nuage formant un trône, la Vierge au visage plein et à la poitrine généreuse jette un regard attendri à l’enfant Jésus, yeux clos, abandonné dans l’extase de l’allaitement. Si ce thème de la Virgo lactans a été largement diffusé par les ivoiriers de l’époque gothique, notre groupe) présente une composition postérieure inédite. Elle a été délicatement sculptée dans un impressionnant morceau de défense, dont la pulpe rachidienne a été éliminée avant d’être réassemblé. Les traits presque paysans et la coiffe empruntée au costume populaire du début du XVIe siècle donnent à la Mère de Dieu une touchante humanité qui contraste avec sa nature céleste invoquée par sa position assise sur un nuage. L’œuvre prend pour modèle la gravure d’Albrecht Dürer la Vierge allaitante sur un croissant de lune (vers 1511, gravure, New York, Metropolitan Museum of Art, N°inv.1975.653.74), frontispice de son ouvrage comprenant les 19 gravures de la Vie de la Vierge achevé en 1511. Quoique le croissant de lune ait pu être évoqué dans la partie supérieure dextre du nuage, le choix d’un trône de nuées marque encore une évolution dans cette rare iconographie de la «Vierge au Lait». Il semblerait que la représentation de la Vierge se tenant assise ou debout sur des nuages se diffuse en parallèle du Concile de Trente (1545 -1562), comme en témoigne la magnifique gravure des Archanges Michael, Gabriel et Raphael adorant la Vierge et l’Enfant, d’après un dessin perdu de Giulio Romano (gravure de Diana Scultori, Londres, British Museum, n°inv. V,8.12). L’iconographie si particulière de la Vierge allaitant assise sur un nuage semble être apparue dans le Nord de l’Italie où l’on en connait quelques rares versions sculptées, dont celle de l’artiste modenois Antonio Begarelli (1499-1565), datée de 1532 (Madonna del Latte vers 1532-1533, terre cuite, Modène, Galeria Estense, inv. 3348). Notre œuvre en ivoire s’inspirant d’un modèle dürerien très répandu dans la sphère germanique serait donc un rare et précoce témoignage de cette iconographie manifestant les natures céleste et humaine de la Vierge qui s’est ensuite répandue largement à l’époque baroque.

10 décembre 2021 Mallié-Arcelin Salle Rossini, 7 rue Rossini 75009 Paris
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