Pauli ou Paoli dit Rombouts Pauwels (1625-1960)

Vénus caressant l’Amour

Groupe en terre cuite
Sur le dessus de la terrasse, une signature "Lemoine" rapportée
(Petits accidents et restaurations)

H. 42 - L. 58 cm

Collection André et Monelle Vogt à Bussang (Vosges), avant 1920 ; par descendance.

Estimation : 30.000 / 50.000 €

Prix au marteau : 40.000 €

Littérature en rapport :- La sculpture au siècle de Rubens dans les Pays bas méridionaux et la principauté de Liège, cat exp. tenue au musée d’art ancien, Bruxelles, 15 juillet – 2 octobre 1977 ;
-Alain Jacobs, Fascination baroque, la scultpure flamande dans les collections françaises, cat. Exp. Tenue au musée de Flandre, Cassel du 15 octobre 2011 au 29 janvier 2012, Coédition musée de Flandre / Somogy, 2011, pp.118 -221.

Lot 57

 

Œuvres en rapport :

-Rombouts Pauwels, Vénus caressant l’Amour, bronze, 30,6 x 42 x 17,7 cm, Munich, au Bayerisches Nationalmuseum, n°inv. 63/11.

– Rombouts Pauwels,  Vénus caressant l’Amour et Vénus enseigne l’art du tir à l’arc à l’amour, paire de terre cuites, 35 x 49 x 28,5 cm et 35 x 51 x 28,5 cm, l’une signée, conservée au palais des Beaux-Arts de Lille, n°inv. 987.8.1.

 

Natif de Malines, Rombouts Pauwels prend le pseudonyme de Pauli vers 1643 à son retour de Rome où il aurait fréquenté Nicolas Poussin et François Duquesnoy. Il est inscrit dès l’âge de onze ans comme apprenti à la Guilde de Saint-Luc à Malines et, à son retour d’Italie au tournant du XVIIème siècle, il obtient sa maîtrise dans cette ville, puis à Gand. Si son œuvre est rare et peu documenté, Pauwels s’inscrit pourtant parmi les plus grands noms de la sculpture flamande du siècle de Rubens, avec François et Jérôme Duquesnoy, Lucas Faydherbe ou encore Artus Quellin. Sa réalisation la plus connue et admirée est le mausolée de l’évêque de Gand, Carolus Maes, en la cathédrale de Saint-Bavon à Gand. Outre sa production sacrée on lui doit aussi différents groupes autour des thèmes de l’Enfance, de l’Amour ou de la Maternité, tous imprégnés d’humanisme, de morale et d’érudition, marqueurs forts du grand art baroque développé aux Pays-Bas au milieu du « Grand siècle ».

De notre important groupe Vénus caressant l’Amour, on connait une version en bronze (30,6 x 42 x 17,7 cm, conservée à Munich, au Bayerisches Nationalmuseum, n°inv. 63/11) et une version en terre cuite avec des variantes (35 x 49 x 28,5 cm, signée, conservée au palais des Beaux-Arts de Lille, n°inv. 987.8.1). D’autre part, un groupe en bronze doré, anonyme (37,5 x 50 x 22 cm), du même modèle, assurément attribuable à Pauli, est passé en vente publique chez Thierry de Maigret à Paris le 22 septembre 2018. Notre ample et belle terre cuite est inédite et s’ajoute à ce corpus. Sans conteste de la main de Pauwels, le groupe est modelé dans une terre ocre rouge que l’on retrouve dans les ateliers malinois ou anversois. Il porte une curieuse signature Lemoine incisée sans doute au XIXème siècle par une main aussi peu scrupuleuse que compétente quant à la connaissance du style du portraitiste français du XVIIIème siècle.

Cette Vénus et cet Amour sont les héritiers directs des Vierges à l’Enfant flamandes de la période baroque, comme l’attestent les attitudes pleines de tendresse des deux protagonistes. La main aux doigts effilés de Vénus qui vient pétrir avec une affection toute maternelle la hanche de l’Amour ainsi que son regard plongé dans les yeux grands ouverts d’un Cupidon se laissant bercer et caresser renvoient à l’opposition entre l’amour sacré et l’amour profane, sujet cher dans les Flandres, au XVIIème siècle. L’iconographie de ce groupe a, par ailleurs, longtemps été discutée. Si le musée des Beaux-Arts de Lille présente (en paire avec une Vénus enseignant l’art du tir à l’arc à l’Amour, du même artiste) sa version sous le titre de Vénus caressant l’Amour, la version en bronze de Munich était, quant à elle, autrefois attribuée à Artus Quellin et titrée La Charité. On note la maîtrise, l’ampleur et le goût de Pauli dans le traitement spécifique des drapés et son application dans le rendu de la couverture et de la riche tête de lit, absents de la version lilloise mais présents dans le bronze de Munich. Pauli renouvelle ici le thème de l’amour maternel de la déesse pour son fils Cupidon et annonce, sans renoncer au classicisme et à l’élégance du XVIIème siècle, l’art plus mondain et plus esthétisant du XVIIIème siècle qui s’annonce.

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