Antoine Etex (1808-1888)
Une captive
Bas-relief en marbre
Signé « ETEX » sur le côté gauche
Titré en bas « UNE CAPTIVE », inscrit dans la partie supérieure gauche « AUX BLESSES DE LA FRANCE/VICTIMES DE NAPOLEON/ SIEGE DE PARIS 1870 »
H. 54 x L. 64, 5 cm
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Estimation : 6.000 / 8.000 €
Prix au marteau : 12.000 €
N° de lot : 604
-Stanislas Lami, Dictionnaire des sculpteurs de l'école française du XIXème siècle, Paris 1914-1921, t.II, p. 305 ;
-Luc Benoist, La sculpture romantique, Paris, Gallimard, « Art et artistes », 1994 ;
-Stefan Eric Püngel, L'oeuvre sculptée de Jean-Antoine Etex (1808-1888) : l'expressivité comme source d'inspiration artistique, thèse sous la direction de Bruno Foucart et de Klaus Herding, 2010.
Exposition :
-Paris, Salon de 1870, présenté sous le n°4475
Intime de Jean-Auguste-Dominique Ingres et élève de James Pradier, Antoine Etex est une figure majeure du monde de la sculpture du XIXème siècle. Sa longue et riche carrière de sculpteur mais aussi de peintre et d’architecte est imprégnée de sa personnalité sans concession de fervent républicain. La Résistance et La Paix qui ornent l’Arc de Triomphe de l’Etoile et son Caïn et sa race maudits de Dieu, emblématique chef d’oeuvre de la sculpture romantique (Musée des Beaux-Arts de Lyon inv. H807) sont ses oeuvres les plus connues. Sa participation active aux révolutions de 1830 et de 1848 et son républicanisme assumé lui valent d’être quelque peu écarté des commandes officielles sous le second Empire. C’est dans ce contexte et au sortir de la Guerre Franco-Allemande qu’Etex présente au Salon de 1870 son bas-relief : Une Captive.
Sur ce bas-relief en marbre, unique et considéré jusqu’alors comme perdu, figure une jeune femme nue et enchainée et accompagnée de la légende : AUX BLESSES DE LA FRANCE/VICTIMES DE NAPOLEON/ SIEGE DE PARIS 1870. Si l’engagement politique d’Etex est ici bien mis en évidence, la modernité, l’audace formelle et l’influence d’Ingres font aussi de ce relief une oeuvre particulièrement fascinante. Le corps accablé de la jeune femme se découpe sur une architecture à peine évoquée contrastant avec le foisonnement des drapés. Cette composition très frontale, en très bas-relief ne présentant que deux plans distincts, doit beaucoup aux innovations de David d’Angers ou d’Auguste Préault pour ce qui est de l’exercice particulier du bas-relief. C’est de ces codes que s’inspireront presqu’un siècle plus tard les sculpteurs des années 1920/30. Il est à noter qu’un an plus tôt, en 1869 le sculpteur présente au Salon des Artistes Français son projet de monument à Ingres qui sera érigé à Montauban en 1871. Tout à sa vénération pour son maître et amis, Etex nous livre, peut-être aussi, ici un hommage au grand peintre. Les emprunts à La grande Odalisque à Roger délivrant Angélique ou encore au Bain Turc sont palpables dans les lignes claires, l’aspect très dessiné, l’utilisation habile des raccourcis et du profil perdu pour mettre en valeur une féminité à la discrète sensualité.