Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875)

Ugolin (Réduction)

Bronze à patine brun nuancé
Fonte ancienne, entre 1871 et 1874
Signée 'JB. Carpeaux' sur la terrasse sur le devant
Porte le cachet 'Propriété /Carpeaux' et l'aigle impérial sur la terrasse à l'arrière

48 x 37 x 27 cm

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Estimation : 120.000 / 180.000 €

Prix au marteau :

N° de lot : 121

Littérature en rapport :Michel Poletti et Alain Richarme, Jean-Baptiste Carpeaux sculpteur, catalogue raisonné de l'oeuvre édité, Paris, 2003, p. 72, modèle référencé sous le n° SA 21, peut-être un des quatre exemplaires vendus entre 1872 et 1874

Le groupe d’Ugolin correspond au dernier envoi de Carpeaux lors de son séjour à la villa Médicis à Rome où il est pensionnaire. Il s’inspire de L’Enfer de Dante pour réaliser un sujet propice aux expressions de ce que les italiens nomment la « Terribilita », cette puissance grandiose des sculptures de Michel-Ange que Carpeaux a vues et admirées lors de son séjour dans la cité éternelle.

Ugolin, ancien podestat de Pise condamné à mourir de faim est emmuré dans une tour avec ses deux fils et ses deux petits-fils pour avoir trahi le parti des gibelins en faveur de celui des guelfes. Le voyant ronger ses poings, ses enfants le supplient :  » Père, de grâce ! Nous en souffrirons moins si tu manges de nous.  »

Cette terrible représentation de dévouement filial n’est pas du goût de l’Institut qui, informé par le directeur de la Villa Médicis, demande à Carpeaux de modifier son projet. De rage Carpeaux détruit sa statue, avant de la recoller pour ne plus y renoncer. Après de multiples vicissitudes le groupe est finalement fondu à la demande du comte Waleski par Thiebaut le 12 mars 1863. Exposé au Salon, il est ensuite placé au jardon des Tuilerie (Fig. 1), lieu qu’il ne quittera qu’en 1904 pour rejoindre le musée du Louvre, puis celui d’Orsay.

Une édition en bronze au quart de la grandeur originale est lancée dès 1871 comprenant quatre exemplaires. Après le décès de l’artiste en 1875, le modèle est repris par la famille dans une édition posthume qui a été assez limitée en raison de la dramaturgie du sujet. Notre fonte sublime par sa qualité, sa complexité de montage en pièces multiples, sa ciselure précise et fournie en chaque recoin et enfin sa patine subtile et nuancée fait de cette épreuve l’une des plus belles et rares qu’il est donné à admirer.

26 novembre 2024 Artcurial Paris
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