François Pompon (1855-1933)

Tigresse jouant (terrasse courte à l’avant et à l’arrière)

Modèle conçu entre 1922 et 1926 ; notre exemplaire commandé en 1924, fondu par Marcel Valsuani et livré en février 1926
Bronze à patine brune
Signé " POMPON " sur la terrasse Porte le cachet du fondeur " Cire PERDUE C. VALSUANI "

Dimensions : H. 26 x L. terrasse 32,2 x P. terrasse 13 cm ; L. totale avec la queue : 59,5 cm

Provenance : - Galerie Dubly à Lyon, 1926 ; - Hôtel des Ventes de Lyon par Maître Françoise Herment, Maître Alain Millarede et Maître Xavier Genin, 27 avril 1971, lot 62 ; - Collection particulière lyonnaise, par descendance.

Estimation : 200.000 / 300.000 €

Prix au marteau : 900.000 € - 1.143.000 € (frais compris) - RECORD DU MONDE POUR L'ARTISTE

N° de lot : 40

Littérature en rapport :- Robert Rey, François Pompon, " coll. Peintres et Sculpteurs ", Crès, 1928, avec reproduction du modèle en plâtre, n°25 et daté de 1922 p.17 ;
- Pierre Quarré, Catalogue des sculptures du musée des Beaux-arts de Dijon, 1960, n°1011 ;
- Catherine Chevillot, Liliane Colas, Anne Pingeot, François Pompon 1855-1933, cat. Exp. Paris, musée d'Orsay, 18 octobre 1994 au 22 janvier 1995, Paris, Gallimard / Electa, Réunion des musées nationaux, 1994, modèle répertorié sous le n° 171, p. 227.

Un certificat de Mme Liliane Colas, expert U.F.E., en date du 4 juillet 2025 sera remis à l’acquéreur

Oeuvres en rapport :
– François Pompon (1855-1933), Tigresse jouant (terrasse courte à l’avant et longue à l’arrière), bronze à patine brune brillante, dim. 25,2 x 10,13 x 6,05 cm, inscr. : à droite  » POMPON/ CIRE/C.VALSUANI/ PERDUE  » ; au-dessous au crayon  » 147 « , provenance : Grande Maison de Blanc, 4 rue Halévy Paris ; musée des Beaux-arts de Dijon, n°inv. 3784 bis (147) ;
– François Pompon (1855-1933), Tigresse jouant (terrasse longue à l’avant et à l’arrière), modèle créé en 1922, fonte datant d’août 1924, bronze à patine brun rouge orangé, provenance : commandé à la Galerie Ruhlmann , vendu à M Tronchon, 87 cours Gambetta, Lyon, non localisée ;
– François Pompon (1855-1933), Tigresse jouant ou donnant un coup de patte (terrasse courte à l’avant et à l’arrière), modèle créé en 1922, fonte datant d’août 1925, bronze à patine brun rouge orangé, signé « POMPON » et portant le cachet du fondeur « C. VALSUANI CIRE PERDUE » sur la terrasse, H. 26 x L. 61x P. 13 cm ; provenance : ancienne galerie Saint-Louis, Grenoble 1926 ; Vente Christie’s « 20/21 Design » du 24 novembre 2014 – lot 13.

Notre rarissime exemplaire en bronze de Tigresse jouant correspond à celui mentionné dans les Livres de comptes de l’artiste, déposé à la Galerie Dubly à Lyon en 1926. Il s’agit d’une des quatre épreuves répertoriées de ce modèle représentant une tigresse, la patte antérieure droite projetée à l’avant, dans un geste ludique et dynamique. Les formes sont lisses et épurées, tout détail superflu a été abandonné ; les volumes sont pleins, la musculature est uniquement suggérée par la lumière glissant sur la surface patinée du bronze. Cette stylisation à l’extrême met en valeur la grâce féline. Aucune anecdote, aucun naturalisme excessif n’entrave la beauté du geste capté dans l’instantané.

Vers 1919, Pompon rencontre le célèbre éditeur Adrien Hébrard qui contribue à l’extraire de son statut de praticien pour en faire le véritable chef de fil de la sculpture animalière du XXème siècle. Dès les années 1880 Pompon s’est plu à créer des sujets animaliers en travaillant des formes simplifiées à l’extrême. Il modèle particulièrement des petits animaux de basse-cour qu’il observe dans la campagne normande où il a acquis une maison près de celle de son ami René de Saint-Marceaux. Il expose un premier bronze animalier au Salon de 1892 (Poulet, n°2992). Au sortir de la Grande Guerre, Adrien Hébrard qui s’intéresse à ses séries d’animaux domestiques ouvre sa galerie à la première exposition Pompon. Le sculpteur lui confie une série de quatorze modèles d’animaux qu’il édite, selon leur contrat, entre 1921 et 1924, en seulement trois exemplaires.

En 1922, François Pompon conçoit le modèle de la Tigresse. La même année il sculpte l’œuvre qui lui apporte enfin la célébrité à 67 ans, son iconique Ours blanc. Le succès retentissant de l’Ours au Salon de 1922 entraîne une plus large diffusion de son Œuvre. A partir de 1923, le sculpteur confie ses modèles à la fonderie Valsuani que Marcel Valsuani dirige au décès de son père Claude. Les éditions sont supervisées par le sculpteur, les finitions réalisées par lui-même. Si l’Ours blanc se caractérise par des formes simplifiées, lisses et épurées, représentant l’essence même de l’animal sans détails superflus ni naturalisme excessif, Tigresse jouant transcende plus encore, par sa grâce longiligne, la recherche de l’épure absolue de l’artiste. Ses réflexions sur les dimensions de la terrasse, ainsi que sur les différentes inclinaisons de la tête qui varient suivant les différents exemplaires en témoignent. Notre exemplaire « à la terrasse courte à l’avant et à l’arrière », quatrième et dernière version datant de 1926 apporte à la féline la dynamique la plus aboutie.

De ce rare sujet intitulé d’abord « Tigre » lors de la présentation du modèle en plâtre au Salon des Tuileries de 1923 ; puis « Panthère jouant » ou « donnant un coup de patte », il n’existe que quatre épreuves en bronze, toutes différentes. Elles ont toutes été fondues du vivant de l’artiste par la fonderie Valsuani, entre 1923 et 1926. Notre exemplaire à terrasse courte est celui mentionné dans les livres de comptes de l’artiste déposé à la Galerie Dubly en 1926 par l’intermédiaire du célèbre orfèvre et dinandier lyonnais qui s’est distingué dans la mouvance Art déco, Claudius Linossier : « Galerie Dubly M. Léon / 3 rue Brunel Paris et / à Roubaix, Lyon/ de la part de Claudius Linossier ».

 

11 octobre 2025 Conan Belleville - Hôtel d'Ainay Lyon
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