Pablo Picasso (1881-1973)
Tête de femme
Modèle créé en 1906-1907
Probablement une fonte de Florentin Godard de 1933
Bronze à patine brun clair
Signé « Picasso » à l’arrière
Porte la marque/date en relief « 1933 » à l’intérieur
Dim. 11,6 x 8,2 x 8,6 cm
Provenance : ancienne collection André Pusey (1894-1968), par descendance
Estimation : 100.000 / 150.000 €
Prix au marteau : 100.000 €
N° de lot : 486
-Ron Johnson, The early Sculpture of Picasso 1901-1914, Garland Publishing, New York & London, n°53, p.215;
-Werner Spies, Les Sculptures de Picasso, Lausanne, Clairefontaine, 1971, modèle répertorié sous le n°12, p. 301, reproduit p.40 ;
-Werner Spies & C Piot, Picasso, The Sculptures, Stuttgart, 2000, p.394, n°12 ;
-Dina Widmaier Picasso, « Picasso et les fondeurs, un état des lieux », Colloque Picasso Sculptures, 25 mars 2016 ;
-Cécile Godefroy, Virginie Perdrisot-Cassan, Picasso Sculptures, cat. exp., Paris, musée national Picasso-Paris, 8 mars-28 août 2016, Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 26 ocotbre 2016-5 mars 2017, Edition Somogy, n°14, p.52.
- Ss dir. Alicia Pintenio, Picasso 1906 : the turning point, cat.exp. Madrid, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia, 15 Novembre 2023-4 Mars 2024, Madrid, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia, 2024, p. 181.
Le certificat délivré par le Comité PICASSO, département de Picasso Administration, le 19/11/2024 sera remis à l’acquéreur.
Le certificat délivré par The Art Loss Register le 19 avril 2023 sera remis à l’acquéreur.
Œuvres en rapport :
-Pablo Picasso, Tête de femme, 1906-1907, bronze, H.11,5 x L. 8 x P. 9 cm, Paris, Musée Picasso, inv. MP235 ;
-Pablo Picasso, Tête de femme, 1906/1907, bronze, dim. 11 x 8 x 9 cm, Cologne, Museum Ludwig, inv.ML 01559 ;
-Pablo Picasso, Tête de femme, 1906/1907, bronze, Washington, Hishorn Museum and Sculpture Garden, Smithsonian Institution, inv. HMSG 1966.4048 ;
–Pablo Picasso, Tête de femme, 1906/1907, bronze, signé au dos, fonte de Florentin Godard, dim.12 x 8,5 x 8,5 cm, vente Binoche et Giquello du 2 juillet 2004, Succession de M. et Mme René Gilles, collection particulière.
Cette petite sculpture en bronze représentant une Tête de femme marque une étape majeure dans l’œuvre de Pablo Picasso. Conçue en 1906, année révolutionnaire pour l’artiste, elle présente des formes simplifiées à l’extrême. Inspiré d’un masque stylisé, la tête se résume à l’essentiel.
Parmi les toutes premières réalisations en trois dimensions de l’artiste, Tête de femme s’éloigne ostensiblement d’une observation réaliste. L’artiste s’ouvre au cubisme et aux formes féminines volumétriques et synthétiques, motivé par sa découverte de l’art primitif africain et ibérique. Durant l’hiver 1906, il visite l’exposition au Louvre des bronzes ibériques archaïques avant d’être marqué par l’art catalan primitif et roman lors de son séjour estival improvisé à Gosol dans les Pyrénées Orientales.
L’œuvre à la frontalité monumentale, aux reliefs simplifiés et à peine modelés, aux traits géométrisés, représenterait Fernande Olivier, la compagne de Picasso depuis 1904. Modèle favori de l’artiste en 1906, femme au cœur de l’évolution picturale de l’artiste vers le cubisme, elle écrira d’ailleurs plus tard au sujet de ce mouvement artistique majeur de l’histoire de l’art : « je l’ai vu naître et en ai suivi la lente élaboration ». Pendant cette année 1906, Picasso développe un iconotype de nu féminin que les historiens d’art identifient communément à Fernande. Il aboutit l’année suivante à son illustre œuvre, Les Demoiselles d’Avignon, et en 1909, à sa Tête de femme (Fernande), pièce maitresse du cubisme pour la sculpture.
Notre exemplaire signé au revers et portant à l’intérieur l’inscription (ou la date ?) « 1933 » est inédit. Il s’ajoute à une édition de bronzes du modèle répertorié dans l’ouvrage de Werner Spies sous le n°12 et le titre Tête de femme. La documentation du musée Picasso en inventoriait sept exemplaires en 2013. Depuis, certaines des épreuves déjà connues et d’autres, sans possibilité de traçabilité, sont passées en ventes publiques.
Notre exemplaire pourrait être considéré comme la neuvième (ou la dixième) épreuve de cette édition limitée et commandée en toute vraisemblance par Ambroise Vollard à partir de 1910. Le célèbre marchand d’art et galeriste a été l’un des tous premiers éditeurs de bronzes de Picasso. Il en a acquis des modèles originaux dès 1910, dont un certain nombre a été dispersé à son décès en 1939.
Pendant cette période, Vollard a fait appel au gré des commandes à différents fondeurs, particulièrement à Florentin Godard. La vente en 2004 d’un exemplaire qui a été conservé par la famille de ce fondeur ainsi que les recherches menées par Mesdames Elisabeth Lebon et Widmaier-Picasso ont éclairé d’un jour nouveau la relation entre l’artiste, l’éditeur et ce fondeur. Les registres Vollard indiquent des commandes à Godard de onze bronzes tirés de divers modèles de Picasso entre 1921 et 1939. Les trois livres de comptes de Godard encore conservés de nos jours mettent, quant à eux, en évidence, trente-et-une fontes « Picasso » entre le 15 avril 1926 et le 19 décembre 1928. Bien que ces documents recensent les dates de commandes, les prix et parfois l’identité des commanditaires, la description des œuvres est majoritairement insuffisante pour pouvoir les identifier précisément.
Notre exemplaire est à rapprocher de celui de de la succession Florentin Godard vendu par l’Étude Binoche et Giquello le 2 juillet 2004.