Pays-Bas méridionaux, École brabançonne vers 1500
Scènes de la vie de sainte Elisabeth de Hongrie (1207-1231)
Ensemble de huit panneaux sculptés en relief en chêne provenant initialement d'un retable : 1. Sainte Elisabeth habillant les pèlerins et les pauvres, 2. Sainte Elisabeth portant une châsse reliquaire avec une suivante, 3. Sainte Elisabeth priant devant un prie-Dieu avec un suivante, 4. Sainte Elisabeth et une suivante lisant accompagnée d'une noble femme, 5. Sainte Elisabeth recousant ses vêtements est surprise par ses suivantes, 6. Sainte Elisabeth distribuant de la nourriture, 7. Sainte Elisabeth et une suivante soignant les malades, 8. Sainte Elisabeth et deux personnages en prière devant la Vierge à l'Enfant.
Petits accidents et manques
Dimensions pour chaque panneau : H. 26 cm - L. 28 cm
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Estimation : 20.000 / 30.000 €
Prix au marteau :
N° de lot : 270
Œuvre en rapport :
Vers 1500, Retable de la vie de sainte Elisabeth de Hongrie, chêne, H. 187 cm, Belgique, Goé, église Saint-Laurent.
Ce bel et important ensemble de huit reliefs, initialement inclus dans un retable compartimenté, comme le suggèrent leur nombre, leur taille ainsi que leurs compositions, narre la vie de sainte Elisabeth de Hongrie (1207-1231). Représentée réalisant les œuvres de Miséricorde, priant ou soignant des malades, la reine incarne pleinement par ses actions son statut de «consolatrice des pauvres» et de protectrice des hôpitaux, patronage particulièrement célébré dans les Pays-Bas méridionaux et dans le nord de la France. Bien que lacunaire, notre suite de reliefs peut être complétée et comprise dans son entièreté grâce à un retable encore conservé dans l’église Saint-Laurent à Goé dans la province de Liège en Belgique, restauré et ré-agencé dans une huche moderne en 1911. Ce retable daté vers 1500 comprend douze reliefs (dont quatre supplémentaires à notre suite) en chêne tout à fait similaires aux nôtres, quoique re-polychromés. Toutes les scènes s’organisent autour de la figure de la sainte portant l’habit de moniale et sont scandées par des motifs architecturaux qui ornent l’arrière-plan des compositions ainsi que des éléments décoratifs caractéristiques de cette période. De plus, la simplification des formes tout comme les lourds drapés délicatement froissés inscrivent notre ensemble dans une production brabançonne ou du duché de Liège à l’orée du XVIe siècle. Profondément narrative, cette suite offre un récit de la vie de la sainte, sans pourtant faire mention de son enfance à la cour de Hongrie ou de sa vie d’épouse du roi de Thuringe au château de Wartbourg. Les scènes ne se veulent pas historicistes mais bien anecdotiques. Elles se concentrent sur les actions de la sainte alors veuve et vivant dans l’hôpital qu’elle fonda à Marburg. Les représentations prennent la forme d’exempla dans une ambition didactique, offrant un modèle accessible de sainteté laïque, dénué de tout signe de noblesse ou référence à son rang. Elle invite le spectateur à s’identifier aux actions des ordres mendiants, notamment franciscain, que la sainte a connu (et dont elle porte l’habit) grâce à la venue des frères mineurs en Allemagne. L’importante valeur pédagogique conférée à la figure de sainte Elisabeth ainsi que sa protection invitent à penser que le retable a pu être placé dans une chapelle d’hôpital ou dans une église proche de l’un d’eux. Cet emplacement permettrait à la fois de célébrer sa protection mais également de guider les soignants vers un modèle de charité et de compassion. Cette suite de reliefs nous offre un bel exemple des productions «sérielles» réalisées par les atelier brabançons, (toutefois anonymes), et témoigne de la grande popularité de la sainte, enfin elle offre une démonstration probante du lien étroit qui lie art, religion et société.