France du Nord (probablement Picardie, Lorraine ou Champagne)

Scène de l’Annonciation

Vers 1530-1550
Panneau de mobilier liturgique sculpté en fort relief en bois polychrome, dos évidé
(Accidents et restaurations, strates de polychromie postérieures)

H. 103 x L. 31 x P. 36 cm

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Estimation : 1.500 / 2.000 €

Prix au marteau : 2.400 €

Littérature en rapport :

Ce panneau sculpté en fort relief représente la scène de l’Annonciation : son étroitesse n’a pas empêché l’artiste d’y intégrer les éléments essentiels pour contextualiser, selon la tradition iconographique, le mystère de l’Incarnation. Au centre le vase ansé comporte la branche de lys sommée des trois bourgeons qui symbolisent à la fois la pureté et la virginité de la future mère du Christ, en tout temps, même après son accouchement. Ainsi positionné et surmonté de la colombe du Saint Esprit, il crée une limite entre le monde surnaturel invoqué par l’ange Gabriel et celui terrestre, représenté par Marie. La Vierge est, quant à elle, agenouillée devant un pupitre sur lequel est mis en scène un livre qu’elle tient ouvert de la main gauche : il s’agit de l’Ancien testament dans lequel elle lit la Prophétie d’Isaïe « Voici qu’une Vierge sera enceinte et qu’elle enfantera un fils et il sera appelé Emmanuel ». Sa surprise est signifiée par sa main droite levée, tandis que le bras gauche de l’ange montrant la colombe transcrit dans le geste l’annonce divine.

Tout en travaillant de manière un peu gauche l’illusion et la profondeur, l’artiste a su rétablir dans cette composition synthétique, les éléments iconographiques principaux qui se diffusent dès la fin du XVème siècle dans la peinture flamande, et surtout, à partir du début du XVIème siècle, dans la gravure des maitres allemands (Albrecht Dürer, Martin Schongauer). De nouveaux éléments décoratifs ainsi que le style des personnages témoignent aussi de l’imprégnation de l’art de la Renaissance italienne qui se substitue lentement en France et dans les territoires limitrophes au style tardo-gothique : si le dais coiffant la scène comprend toujours une composition architecturé symbolisant la Jérusalem terrestre, elle s’éloigne pourtant de l’arcature gothique en inscrivant des têtes de putti ailés à son sommet et des motifs ( certes un peu maladroits) de feuilles d’acanthe et d’arabesques. L’attention portée aux vêtements par l’artiste, la recherche du mouvement par les plissés irréguliers de la tunique de l’ange et surtout les détails luxueux du costume contemporain de la Vierge, soulignent la recherche d’un réalisme dramatisé, précurseur du maniérisme italien qui a influencé nombre d’artistes lorrains et champenois dans la première moitié du XVIème siècle.

05 décembre 2020 Camper & Dabernat 10 Quai de l'Essone - 91100 Corbeil-essonnes
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