Ecole utrechtoise, dernier quart du XVe siècle

Saint Pierre et Saint Paul

Deux figures en terre cuite dite "de pipe" estampée polychromée et dorée
Têtes et mains moulées à part dès l'origine et fixées avant l'application de la polychromie
(Ancienne restauration à la cire au cou de saint Pierre, intervention et reprise à la polychromie ( présence de bronzine) , attributs des deux apôtres et main droite de saint Pierre manquants)

Hauteurs : 46 cm et 55 cm

Collection de l'industriel, artiste et antiquaire Ernest Desurmont ; Puis par descendance

Estimation : 18.000 - 22.000 €

Prix au marteau :

N° de lot : 19

Littérature en rapport :Catherine Périer d'Ieteren, Anne Born, 'Retables en terre cuite des Pays-Bas (XVe-XVIe siècles) : étude stylistique et technologique', Université libre de Bruxelles, Salle Allende, 22 octobre - 7 novembre, 1992
'Made in Utrecht. Mittelalterliche Bildwerke aus Utrecht 1430-1530', cat. exp. Utrecht, Museum Catharijneconvent, 2012 - 2013, p. 334, notice 84

Utrecht, seconde moitié du XVe siècle, ‘Pierre, Paul, Andreas et Jean’, épreuves en terre de pipe, traces de polychromie, H. entre 33,8 et 30,8cm, Münster, LWL Landesmuseum für Kunst und Kulturgeschichte, n°inv. BM 205-208

Ces deux remarquables apôtres en terre cuite polychromée et dorée sont de rares témoins d’un type d’œuvres produit spécifiquement dans les Pays-Bas septentrionaux et notamment dans la ville d’Utrecht de 1470 à 1530.
Aux côtés des retables en bois qui font la réputation de cette région d’Europe, ceux en terre cuite, dite  » terre de pipe « , sont moins connus de nos jours car beaucoup plus rares en raison de la fragilité du matériau. Nos deux figures d’apôtres appartenaient initialement à un collège apostolique qui accompagnait probablement une figure centrale du Christ sur la prédelle d’un retable, à l’instar de l’ensemble des apôtres conservé au château de Jaudrais, réalisé par des artisans normands à partir de surmoulages d’originaux fabriqués à Utrecht (Chartres, musée des Beaux-Arts, inv. 3139).
La technique correspond en tous points à celle utilisée par ces ateliers utrechtois : les terres cuites sont issues d’un estampage réalisé dans un moule à bon creux. Les revers sont rigidifiés par des bandes de terre façonnées et disposées en un réseau perpendiculaire dans le fond. Des petits trous ont été percés dans les bandes fraiches pour nouer ensuite les cordelettes (encore visibles) qui ont servi à l’accrochage des figures dans la caisse en bois du retable monumental. Un guillochage a aussi été pratiqué sous la base pour permettre un bon scellement ultérieur sur une terrasse ou un socle. Une fois les œuvres séchées et cuites, l’assemblage des parties saillantes a été réalisé, certainement grâce à des tenons : ainsi les têtes et mains sont moulées à part et fixées. La polychromie de nos œuvres correspond aussi à celle des retables néerlandais du XVe siècle : le traitement des carnations est bien soigné, les traits des visages dessinés avec précision. Les vêtements semblent avoir été dorés à la feuille sur un bol, les revers des vêtements ont été peints en bleu d’azurite.
Le visage à la forme carrée et l’expression sévère des personnages ainsi que le vêtement animé de drapés larges et creusés témoignent des influences de l’Ecole bourguignonne et du style de Claus Sluter véhiculés par les artistes et les modèles dans les territoires burgondo-flamands.

23 mars 2022 Artcurial Hôtel Marcel Dassault, 7 rond-point des Champs-Élysées, 75008 Paris
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