Ouest de la France, probablement Poitou, début du XIIIème siècle
Saint Pierre apôtre
Fort-relief en pierre oolithique, traces de polychromie
Titré partiellement sur la base : « S SIM… » pour saint Simon-Pierre
Usures, accidents et restaurations (visage, clé, livre et partie supérieure du torse)
Un rapport scientifique réalisé par le laboratoire Re.S.Artes en 2022 numéroté R2445381
sera remis à l'acquéreur. (disponible sur demande)
H. : 97 x L. : 32 cm
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Estimation : 12.000 / 15.000 €
Prix au marteau : 13.500 €
N° de lot : 70
d'Archéologie n° 325 Sculpture monumentale au Moyen Age, N° 325 - janvier/février 2008,
pp.60-65.
Les portails des façades d’églises médiévales sont porteurs d’une symbolique majeure. L’architecture est au service d’un message religieux : celui de l’entrée dans la maison de Dieu, préfigurant le Paradis. Il n’est donc pas étonnant que les créateurs des programmes iconographiques de ces portails aient accordé une importance centrale à leurs décors. Cet aspect est primordial durant la période romane au cours de laquelle l’essentiel des ornementations étaient à l’extérieur des édifices. Parmi les plus insignes iconographies choisies, le thème du Collège apostolique connait une fortune toute particulière. Il s’agit de la représentation des apôtres de façon non-narrative. Les douze saints sont liés par une mission collective sollicitée par le Christ : « Allez, enseignez toutes les nations » ainsi que par leur rôle de témoins. Si des occurrences de ce sujet sont connues dans les mosaïques ou les peintures paléochrétiennes, ce n’est qu’au cours du XIIIème siècle que sa véritable apparition a lieu sur les portails. La présence des apôtres permet de rapprocher la figure du Christ des fidèles, tels des intercesseurs de la parole divine et de la promesse eschatologique. Ils sont d’ailleurs fréquemment représentés, sur les piédroits ou dans les registres des galeries, conjointement à une image centrale du Christ Pantocrator, parfois entourés des tétramorphes, ou d’une scène de Jugement dernier. Notre sculpture de saint Pierre devait certainement figurer dans ce type de programme sculptural. En effet, ce saint trône à la tête du Collège apostolique en tant que gardien des clefs du Paradis, expliquant sa présence centrale sur les portails qui diffusent la symbolique de l’au-delà. Premier Pape, il incarne le rayonnement de la pensée christique et la fondation de l’Église. En effet, l’évangile selon Matthieu (Mt 16, 17-18) relate l’épisode au cours duquel le Christ renomme ce disciple, Simon : « Tu es « Pierre », et sur cette pierre je bâtirai mon Église ». Son nom complet, Simon-Pierre, figure d’ailleurs de façon incomplète sur la base de notre sculpture. Au-delà de la présence d’un éventuel « titre », c’est grâce au port de son attribut, la clef, que saint Pierre a toujours été facilement identifiable dans les programmes. Si cette iconographie connait un vif succès, rares sont les exemples de saints en fort-relief et en de telles dimensions sur les portails romans conservés, les représentations changeant au gré des écoles régionales. Il est néanmoins possible d’en présenter deux exemples dans deux régions et périodes différente. Le premier est le clocher-porche de l’ancienne église prieurale de Sainte-Marie à Mimizan (Landes) daté entre la fin du XIIème et le début du XIIIème siècle. Cette façade présente une rangée de statues des apôtres en fort-relief sur des bases individuelles surplombant le portail et encadrant un Christ dans une mandorle stylisée. Une seconde comparaison pourrait être faite avec l’église Notre-Dame la Grande à Poitiers (Poitou) qui présente les douze apôtres présentés sur deux registres dans l’élévation de la façade (vers 1115-1130). L’examen stylistique isolé ne permettant pas de confirmer avec certitude le lieu de création de notre statue de saint Pierre, une analyse de son matériau vient compléter notre réflexion. Cet examen scientifique réalisée par Re.S.Artes en 2022 conclut qu’il s’agit de calcaire oolithique. Ce type de calcaire est notamment très abondant en Lorraine, en Bretagne et en Poitou. Les deux premières régions n’offrant pas, à notre connaissance, de tels programmes iconographiques, l’hypothèse d’une oeuvre poitevine est retenue.