Attribué à André BEAUNEVEU (vers 1335-1402)

Saint Paul apôtre en buste

Élément décoratif sculpté en pierre calcaire

Accidents et manques, petit refixage probable au front


Nous remercions vivement madame et monsieur Blanc, géologues, pour l'examen de détermination
du matériau réalisé en juin 2023.

H. : 52 x 36 x 28 cm

Ancienne collection privée berrichonne

Estimation : 15.000 / 20.000 €

Prix au marteau : 16.000 €

N° de lot : 65

Littérature en rapport :-Alfred de Champeaux, Paul Gauchery, Les Travaux d'art exécutés pour Jean de France, duc de Berry, Paris, H.Champion, 1894 ;
-Ss dir. Françoise Baron, Les fastes du gothiques, le siècle de Charles V, cat.Exp. tenue aux Galeries nationales du Grand Palais du 9 octobre 1981 au 1 er février 1982, Paris, RMN, 1981, notices 64, 77,
104 et 105, 296 et 332 ;
-Béatrice de Chancel-Bardelot, Clémence Raynaud et al., La Sainte-Chapelle de Bourges : une fondation disparue de Jean de France, duc de Berry : Catalogue de l'exposition de 2004 à Bourges, Aimery Somogy Editions, 2004;
-Susie Nash, André Beauneveu, « Pas de pareil en nulles terres », Artiste des cours de France et de Flandre, Edition Paul Holberton, Londres, 2007.

OEuvres en rapport :
-André Beauneveu, Psautier de Jean de Berry, Bibliothèque nationale, Paris, Ms fr.13091,
-Attribué à André Beauneveu, Prophète au tablier, pierre calcaire, H. 103 cm, ancienne provenance Sainte Chapelle, Bourges, musée du Berry, n°inv.1883.30.2 ;
-Attribué à André Beauneveu, Prophète debout tenant un phylactère, vers 1400, pierre calcaire, H. 103 cm, Bourges, musée du Berry , n°inv.1883.81.1.

Ce buste de saint Paul sculpté en pierre calcaire provenant très probablement des carrières de Charly ou Blet présente toutes les caractéristiques de l’OEuvre du célèbre sculpteur André Beauneveu que le fameux chroniqueur Froissart présentait comme : « n’avoit pas lors meilleur, ne le pareil en nulles terres, ne de qui tant de bons ouvrages fuissent demourés en France ou en Haynnau… » (Chroniques, IV, Ch.XIV). L’artiste natif de Valenciennes a répondu tout au long de sa vie à de prestigieuses commandes pour les plus insignes princes de la seconde moitié du XIVème siècle : les tombeaux royaux commandés par le roi Charles V (Gisants des rois Charles V, Jean II et Philippe VI, marbre, v.1364-1366, 180 x 50 x 30 cm, Basilique Saint Denis et Gisant de Jeanne de Bourbon aujourd’hui détruit), le monument funéraire du comte de Flandre Louis de Mâle (1374-1384, inachevé, installé dans la collégiale Saint-Pierre de Lille puis détruit ; Sainte Catherine, sculpture en albâtre, H. 186 cm, église Notre-Dame de Courtrai), enfin, de nombreux décors pour le duc Jean de Berry. Sa carrière s’achève en effet à Bourges, en tant qu’ymagier du duc pour lequel il devient responsable des décorations peintes et sculptées du château de Mehun-sur-Yèvre (détruit au début du XVIIIème siècle) au même moment où est construite la Sainte Chapelle de Bourges (1391-1397, détruite en 1757-1758). Il est cependant malaisé de distinctement repérer les oeuvres exécutées par l’artiste pendant sa période berrichonne, en raison d’une part, des destructions malheureuses de ces monuments et des archives s’y rattachant, et d’autre part car le duc de Berry s’était aussi attaché les services d’autres sculpteurs éminents, Jean de Cambrai et Guy de Dammartin. Cependant notre oeuvre présentant l’apôtre Paul en buste tenant son épée, -symbole de son supplice et de la Parole de Dieu- (Lettre aux Éphésiens (6,17)) s’inscrit clairement dans l’art d’André Beauneveu peuplé d’apôtres et de prophètes ; ces sujets répondant aux programmes iconographiques du Crédo apostolique commandés par Jean de Berry. L’attitude du personnage, la physionomie de son visage, la conception des volumes du drapé sur le buste, enfin le matériau, tout rapproche cet élément de décor -probablement une clé de voûte ou une retombée d’ogive- aux miniatures des prophètes et apôtres qui ornent le Psautier du Duc Jean de Berry réalisé par le vieux maitre avant 1402. Des similitudes stylistiques le rapproche aussi des treize apôtres -certes assez restaurés- vestiges du programme de vitraux de la Sainte Chapelle (actuellement dans la crypte de la cathédrale de Bourges) exécutés sous la supervision du sculpteur qui en a peut-être fait les dessins initiaux. Enfin, les volumes à la simplicité monumentale invitent à la comparaison avec certains des prophètes sculptés dans la même pierre qui, de tradition historique, sont dits provenir de la Sainte Chapelle et attribués à André Beauneveu aujourd’hui conservés au musée du Berry à Bourges.

10 novembre 2023 Marc Labarbe Toulouse
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