Attribué à Pietro Bracci

Portrait du marquis Giuseppe Rondinini (1725-1801)

Rome, probablement 1757
Buste en marbre blanc
Usures de surface et accidents au nez et arcades sourcilières
Signé au dos « GMR » ainsi que dans un cartouche à l’avant du piédouche

H. 77 cm, L. 56 cm

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Estimation : 15.000 / 20.000 €

Prix au marteau : 14.000 €

N° de lot : 164

Littérature en rapport :

Cet impressionnant buste en marbre représente le dernier descendant de la célèbre famille Rondinini (dit aussi Rondanini), l’un des plus grands collectionneurs romains du XVIIIème siècle, le Marquis Giuseppe Rondinini. Ce passionné des Arts est identifiable grâce au monogramme « G.M.R » (pour Giuseppe marquese Rondinini) inscrit au revers et repris dans le cartouche à l’avant, monogramme qu’il faisait apposer sur les œuvres de sa fameuse collection qui comprenait, notamment, la Pieta de Michel-Ange. On reconnait aussi sur son costume une broche figurant l’une des œuvres antiques les plus célèbres encore aujourd’hui, la Medusa Rondanini (Glyptothèque de Munich), tête de Méduse en marbre datée du 5ème siècle avant J.C, largement admirée par Goethe et qui a appartenu au Marquis. Ce portrait représente un homme d’une quarantaine d’année, dans la force de l’âge, le visage bien arrondi, l’expression vive et satisfaite, le buste vêtu d’un riche costume : chemise en dentelle, plastron fleuri, drapé fixé par une broche et, sur le thorax, l’image d’une femme entourée d’une couronne de laurier tenue par une colombe, probablement allégorie d’une vertu ou image d’une autre œuvre de sa collection. Ce buste témoigne d’une volonté d’affirmation et de glorification personnelle de cet homme puissant, mécène, collectionneur et ami des arts. Il pourrait s’agir du buste du marquis décrit par Vasi dans la chambre à coucher du Palazzo Rondinini (cf. Roma del Settecento, itinerario istruttivo di Roma, pp.40-42). La paternité du buste du Palazzo Rondinini a récemment été donnée à Pietro Bracci par la spécialiste de l’artiste Iris Heist. L’œuvre est considérée comme perdue ou non encore identifiée par la chercheuse lors de la rédaction du catalogue raisonné des œuvres de l’artiste en 2015 (Kat NR. 56 p.334). Ses récentes recherches ainsi que celles de Cristiano Giometti et Loredana Lorizzo ont mis en lumière l’étroite relation tissée entre l’amateur d’art et l’artiste Pietro Bracci, considéré « dans l’histoire de la sculpture italienne comme occupant une position prédominante entre Le Bernin et Canova » (Art in Rome in the eighteenth century, p.123). Élève de Rusconi jusqu’en 1724, date à laquelle il ouvre son propre atelier, reçu premier prix du Concorso Clementino de l’Accademia di San Luca en 1725, nommé Accademico di Merito de San Luca en 1740, Principe en 1756, Bracci marque Rome de son empreinte par la construction de célèbres monuments, tels le monument Paolucci ou encore la Fontaine de Trévis. Il est également chargé de la restauration de monuments antiques comme l’arc de Constantin ou les antiques de la collection du cardinal Alessadro Albino. Il excelle dans l’exécution de portraits, à l’instar du buste du cardinal Giorgio Spinola à Subiaco ou le buste du pape Clément XIII.
Notre buste porte par son style et sa complexe composition caractéristiques du baroque tardif perdurant à Rome jusque tard dans le XVIIIème siècle. Il est fort probable qu’il s’agit du buste exécuté par les soins de Bracci, dont les archives indiquent qu’il a été commandé à l’artiste par le marquis en décembre 1757 (archives Capranica, Fondo Rondanini, b.816, f.329 ; B.816, f.330, f.356 cité dans Iris Haist, Op cit.p.334).

25 mars 2022 Thierry de Maigret Hôtel Drouot, salles 1 et 7
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