Francisco Queirolo (Gênes 1704 - Naples 1764)
Portrait d’homme
Buste en marbre.
Signé au revers : EQUES FRANCISCUS QUEIROLUS
GENVENSIS SCULPIT Petits accidents sur le nez, le sourcil
droit, dans la chevelure et sur le piédouche.
H. totale : 58 cm, H. piédouche : 15 cm
Ancienne Collection de Stéphane Dervillé (1848-1925). Achetée probablement en Italie à la fin du XIXème siècle, puis par descendance.
Estimation : 20.000 / 30.000 €
Prix au marteau : 422.000 €
N° de lot : 265
- C.G. Ratti, Delle vite de’ pittori, scultori ed architetti genovesi..., II, Genova 1769, pp. 305-309;
- Wittkower, Rudolf (1993). "Art and Architecture Italy, 1600-1750". Pelican History of Art. 1980. Penguin Books. pp. 449–450.- S. Canepa, Il cavalier F.M. Q. scultore e architetto(1704-1762), in La Casana, LV (2013), 4, pp. 16-21.
-A.-L. Desmas, Le ciseau et la tiare. Les sculpteurs dans la Rome des papes. 1724-1758, Roma 2012, passim;
-A. Agresti, La chiesa del SS. Nome di Maria alla Colonna Traiana: un crocevia dei linguaggi della scultura romana intorno al 1740, in Nuovi Studi, XVI (2011 [2012]), 17, pp. 155-177 (in partic. pp. 158 s.);
-F.F. Guelfi, Il Settecento. Theatrum sacrum e magnifico apparato, in La scultura a Genova e in Liguria, II, Dal Seicento al primo Novecento, Genova 1988, pp. 226 s., 283;
-A.-L. Desmas - P. Benaglia, La carriera di uno scultore a Roma negli anni Trenta del Settecento, in Römisches Jahrbuch der Bibliotheca Hertziana, 2001-2002, vol. 34, pp. 293-328 (in partic. pp. 300, 313).
Ce buste d’homme, l’air avenant et jovial, taillé dans le marbre sans souci d’idéalisation est vraisemblablement un « portrait d’amitié ». Bien que ce type de portrait soit généralement réalisé en terre cuite ou en plâtre, la simple découpe arrondie du buste au niveau du cou, le torse nu, l’absence de costume ou d’indices indiquant le rang du modèle et l’expression enjouée, bienveillante et pleine de vie qui s’en dégage laissent à penser qu’il s’agit là d’un intime du sculpteur. Ce portrait débordant d’une affection respectueuse est l’œuvre du rare et talentueux sculpteur Francesco Queirolo. Cet artiste d’origine génoise s’inscrit parmi les sculpteurs les plus importants de sa génération. La première œuvre documentée du jeune artiste est une sculpture de l’Archange Michel, réalisée à Gênes en collaboration avec le marbrier Giuseppe Macetti en 1728 et destinée à orner la cathédrale de Cagliari. Ambitieux et désireux d’inscrire sa carrière sur le plan international, l’artiste gagne Rome en 1732. Il débute sa carrière romaine dans l’atelier du célèbre Giuseppe Rusconi (1687-1737) puis s’associe avec Antonio Corradini (1668-1752) dont le travail baroque et gracieux l’influence. Dès son arrivée, son intégration dans le milieu artistique romain est couronné de succès : il reçoit le troisième prix de la première classe de sculpture du concours Clémentine en 1732, obtient le titre de « chevalier » qu’il intègre à sa signature (documenté en 1740) et est nommé en 1743 membre de l’Accademia d’Arcadia. Ces honneurs répondent aux nombreuses commandes qui l’occupent sans interruption tout au long de sa carrière. Entre 1734 et 1735, il exécute la statue de S. Filippo Benizi pour la balustrade de la façade de S. Giovanni dei Fiorentini. En 1735 il rejoint Bernardo Ludovisi, Bartolomeo Pincellotti et Agostino Corsini sous la direction de Nicola Salvi pour le long projet de la célèbre fontaine de Trévi. En 1737, à l’occasion de la canonisation de Giuliana Falconieri, Vincenzo de’ Paoli, Francesco de Regis et Caterina Fieschi Adorno à Saint-Pierre, le sculpteur réalise une statue en stuc de la Religion. Dans les années 1740, il travaille pour l’église des Ss. Nome di Maria alla Colonna Traiana puis pour l’église de S. Maria Maggiore. Il y réalise le S. Charles Borromée de la façade en 1742, puis l’année suivante des anges et les armoiries de Benoît XIV pour le frontispice de la sacristie. On le retrouve encore sur le chantier de l’église des Pères de la Mission sur la Piazza di Montecitorio (détruite) où il aurait exécuté des statues en stuc. Le sculpteur réalise aussi des commandes pour des édifices en dehors de la Cité éternelle. En 1745, il obtient la commande d’un autel en marbre polychrome pour la collégiale de Subiaco commandé par le cardinal Spinola puis en 1746 pour la construction d’un autre autel dans l’église d’Affile. Vers la fin des années 1740, Francesco Queirolo se spécialise dans les monuments funéraires, typologie d’œuvres dans laquelle il manifeste virtuosité, maitrise et inventivité. Entre 1749 et 1752, il conçoit et sculpte le tombeau de la duchesse Livia del Grillo sur la contre-façade droite de S. Andrea delle Fratte, puis le tombeau de l’évêque Fabrizio Borgia en 1750 dans l’abside de la cathédrale des Saints Giovanni et Paolo di Ferentino. L’année 1752 marque un tournant décisif dans sa carrière lorsqu’il est appelé à Naples. Il vient remplacer Antonio Corradini mort cette année-là pour le chantier de la chapelle Sansevero commencé en 1750, à la demande du prince Raimondo di Sangro (1710-1771), autour du programme iconographique. Francesco Queirolo signe un contrat d’exclusivité pour ce chantier, point d’acmé de sa carrière. Au cours des sept années pendant lesquelles il s’investit sur ce chantier, il sculpte de nombreuses œuvres : en particulier les six médaillons au-dessus des chapelles présentant les effigies des cardinaux de la famille Sangro, la figure de la Sincérité pour le mausolée de Carlotta Gaetani, épouse de Raimondo, le groupe allégorique de l’Éducation pour le monument dédié aux épouses Paolo di Sangro, second prince de Sansever. Il réalise aussi le monument à S. Rosalia, protectrice de Palerme et sainte la plus célèbre de la famille Sangro, ainsi que celui de à S. Oderisio trente-neuvième abbé de Montecassino. Il réalise également le groupe de la Libéralité (1753-54), dédié à Giulia Gaetani d’Aragona, épouse du quatrième prince de Sansevero. Enfin, on ne peut achever cette longue liste sans citer l’œuvre la plus connue de l’artiste, considérée aussi aujourd’hui comme