Charles Adrien Prosper d'Epinay (1836-1914)

Portrait de Sarah Bernhardt en Hermione

Terre cuite
Signée "D'EPINAY" au dos
(Petits manques)

H. 60 cm, repose sur un piédouche en bois noirci

Collection particulière du Sud de la France, jusqu'en 2019

Estimation : 100.000 / 200.000 €

Prix au marteau : 100.000 €

Littérature en rapport :-Andreas Blühm, "'Une beauté Sauvage' Prosper d'Epinay's Head of Medusa", in 'The Van Gogh Museum Journal' , 1996, p.133- 144.
-Patricia Roux-Foujols, 'Prosper d'Épinay, un sculpteur mauricien à la cour des princes', L'Amicale Ile Maurice-France, 1996
-'The color of Sculpture 1840-1910', cat. exp. Amsterdam- Leeds, 1996- 1997, p.124

Lot 348

 

Œuvres en rapport :
– Prosper d’Épinay, Méduse, ac.1866, terre cuite, H. 42 cm, Amsterdam, Van Gogh Museum
– Prosper d’Épinay, Sarah Bernhardt (dans le rôle de Roland), 1876, terre cuite, titrée  » La fille de Roland « , H.80 cm, non localisée
– Prosper d’Épinay, Sarah Bernhardt, buste en marbre, acquis en 1881 par le Prince de Galles, non localisé
– Sarah Bernhardt, Hermione, buste en marbre, signé et daté 1875, H. : 46 cm, Vente Sotheby’s, 11 juillet 2018, n°68

 

Natif d’une famille d’origine française de l’Ile Maurice devenue anglaise en 1814, l’artiste Prosper d’Epinay a connu une carrière cosmopolite et mondaine à Rome, Londres et Paris. Il étudie tout d’abord à Paris auprès du portraitiste et caricaturiste Jean-Pierre Dantan dit Dantan le Jeune de 1857 à 1860. Réalisant comme tout artiste de l’époque un voyage d’étude en Italie, il s’installe en 1864 à Rome où il ouvre un atelier qu’il garde jusqu’en 1912. En Italie, il parfait sa formation auprès des chefs-d’œuvre romains sous l’égide du sculpteur Luigi Amici. Cette même année 1864, il se rend également à Londres où il se fait remarquer en modelant le buste de la Princesse de Galles. Ce portrait, pur produit académique, est présenté au Salon de la Royal Academy en 1867 ; le sculpteur en exécute plusieurs versions dont deux pour la reine Victoria et le roi du Danemark. La présentation au Salon de 1874 de son œuvre ‘Ceinture dorée’, représentation idéale de la femme moderne, contribue à le propulser au premier rang des statuaires à la mode. Ce succès l’incite à s’installer à Paris. En 1878, il y ouvre également un atelier. Intégré aux cercles parisiens et européens les plus prestigieux, il réalise non seulement des portraits influencés par l’art du XVIIIe siècle, mais aussi des figures combinant le style hellénistique et un réalisme moderne à la manière de son ainé James Pradier. Ses œuvres sont exposées au Salon mais aussi à la Royal Academy de 1865 à 1878 et au Cercle de l’Union artistique de 1880 à 1914. Il y rencontre un franc succès et est très apprécié des noblesses européennes qui lui commandent de nombreux portraits ou et des sculptures plus décoratives qui ornent les palais de la haute aristocratie. Ses œuvres se retrouvent ainsi dans les collections impériales russes, les cours italiennes, françaises et anglaises. Lors de ses nombreux voyages entre l’Europe et l’Océan indien, il a l’occasion de saisir sur le vif et d’étudier les différentes populations avec un regard ethnographique aiguisé. Il s’arrête par deux fois à Aden où il a l’occasion d’observer les types orientaux qui lui servent ensuite dans ses créations, notamment, dans son buste représentant ‘Saint Jean prêchant’ (lot 350) ou encore pour la figure de ‘Judith’ (lot 349). Dans une veine plus décorative d’Epinay exécute également des objets d’ameublement. Le bougeoir portant sur son socle la devise imaginée par son père Adrien d’Epinay, célèbre homme politique mauricien, ‘Patria, Amizia et famiglia'(lot 353), s’inspire de l’art de la Renaissance italienne et notamment de Benvenuto Cellini.

Attiré par le monde du spectacle, Prosper d’Epinay représente Sarah Bernhardt à quatre reprises dans les années 1870.

 » Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes « , c’est à cette fameuse allitération de Jean Racine tirée d’Andromaque’ que fait ici référence Prosper d’Epinay. En 1903 Sarah Bernhardt, qui a obtenu la concession du Théâtre des Nations (aujourd’hui Théâtre de la ville), monte la tragédie de Racine et endosse le rôle d’Hermione. Prosper d’Epinay s’inspire des vers du tragédien et nous propose un portrait saisissant de la comédienne. On y reconnait la coiffure de l’actrice dans ce rôle telle qu’on la retrouve sur des photographies de l’époque, la nuque dégagée et ses longs cheveux ramenés en chignon (fig. 1). Sur notre buste, une nuée de serpents anime sa coiffure et deux d’entre eux viennent se nouer autour du cou, des ailes couronnant majestueusement le haut de sa tête. On reconnait bien la  » Reine de l’attitude et Princesse du geste  » (Edmond Rostand) à son expression courroucée, le regard aux sourcils froncés, intense, presqu’hypnotique. D’Epinay, dans ce spectaculaire portrait inédit, fait aussi écho, comme un clin d’œil complice, au buste d’Hermione sculpté par Sarah Bernhardt elle-même en 1875 (fig. 2) et il reprend la même idée des ailes et des serpents dans la chevelure. La célèbre ‘Méduse Rondanini’ n’est pas loin dans l’esprit du sculpteur et il réinterprète aussi, dans ce fier portrait, la tête de Méduse qu’il sculpte à Rome en 1866 (Amsterdam, Van Gogh Museum).

 

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10 juin 2021 Artcurial 7, rond-point des Champs Élysées 75008 Paris
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