Atelier de Pierre Puget (1620-1694)

Portrait de profil du roi Louis XIV

Médaillon en marbre blanc
(Deux éclats en bas)

Diamètre : 65 cm

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Estimation : 15.000 / 20.000 €

Prix au marteau : 25.000 €

Littérature en rapport :-Léon Lagrange, Pierre Puget, peintre, sculpteur, architecte, décorateur de vaisseaux, Paris, 1868, p.377-378 ;
-François Souchal, French Sculptors of the 17th and the 18th centuries, The Reign of Louis XIV, Cassirer, Oxford, 1987, p.205, n°36;
- Ss dir. Marie-Paule Vial, Pierre Puget, peintre, sculpteur, architecte, RMN, cat Exp. Centre de la Vieille Charité, Musée des Beaux-arts, 28 octobre 1994-30 janvier 1995, cat.43, pp.134-135.

Lot 137

 

Œuvres en rapport : 

-Pierre Puget, Louis XIV, vers 1688, médaillon en marbre, 65 cm, Marseille, musée des Beaux-Arts, Inv. S.1 ;

-Pierre Puget, Louis XIV, médaillon en marbre, 65 cm, Versailles, musée Lambinet ;

-Atelier de Pierre Puget, Louis XIV, médaillon en marbre, diam 66, Aix-en-Provence, musée Granet, inv.701.

 

Depuis l’antiquité, le portrait royal est à la croisée de la propagande politique et du geste artistique. L’exercice met en concurrence plusieurs enjeux. Si la commande prestigieuse pour le peintre ou le sculpteur assoit sa renommée, les codes imposés l’obligent à effacer sa main et sa personnalité d’artiste derrière le projet politique. Le portraitiste doit jouer entre l’indispensable réalisme lié à l’objectif de diffusion de l’image du monarque et la nécessaire mise en scène de la Geste héroïque du pouvoir.

L’important médaillon en marbre que nous présentons propose ainsi une image ressemblante de Louis XIV, sans concession quant au poids des années, mais la tête haute, le regard fixé au loin vers l’avenir, en cuirasse militaire, volontaire, serein et courageux.

Pierre Puget, artiste au génie protéiforme et porte-flambeau des sculpteurs méridionaux du règne de Louis XIV rencontre le Roi Soleil lors d’un voyage à Paris en 1688. Le naturalisme discret de notre portrait aux traits un peu alourdis nous invite à penser que ce médaillon est postérieur à cette rencontre. Cette œuvre s’inscrit vraisemblablement dans l’ambitieux projet global de la Place Royale de Marseille autour de la statue équestre en hommage au monarque qui occupe le sculpteur à la fin des années 1680.

S’il est délicat de faire le tri parmi les différentes copies et reprises d’atelier de ce célèbre médaillon qui se diffuse dans le sud de la France à la fin du XVIIème siècle, la critique et les historiens s’accordent pour voir dans la version conservée au musée des Beaux-Arts de Marseille (inv.S1) celle dont la dimension autographe est la plus pertinente. Dans l’idée complexe de hiérarchiser les autres versions répertoriées, contemporaines de Puget ou plus tardives, de plus ou moins belle qualité d’exécution, notre médaillon s’inscrit sans conteste parmi les plus belles versions. On peut citer en comparaison l’exemplaire assez semblable du musée Granet à Aix-en-Provence (inv.701), considéré comme une réplique d’atelier contemporaine du sculpteur. Les pratiques d’atelier de Puget sont peu documentées et il est délicat d’être affirmatif quant à l’intervention de Puget lui-même dans la réalisation des différentes versions de ce portrait officiel. S’il est tentant de déceler dans notre marbre la main du meilleur et du plus proche élève de Puget, Christophe Veyrier (1637-1689), aucune trace documentaire ne confirme ni n’infirme cette hypothèse.

Le médaillon est d’un réalisme teinté de majesté, très abouti et soigné dans les moindres détails. Les dentelles et les boucles de cheveux sont délicatement rendues au trépan, la cuirasse et les carnations sont traitées avec la précision du beau ciseau que l’on admire chez Puget. Ici le goût du sculpteur pour les compositions baroques et échevelées est contraint par l’exercice. L’artiste parvient tout de même à mettre en avant sa virtuosité avec autant de science que de malice, en traitant la cravate du monarque en très haut relief. Ce détail, au centre même de la composition capte le regard du spectateur, et, à la manière d’un trompe-l’œil donne une belle profondeur au profil du roi.

03 février 2021 Baron Ribeyre & Associés Hôtel Drouot, salle 10
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