Attribué à Giacomo Piazzetta (Pederobba, 1640 - Venise, 1705)

Paire de télamons ou atlantes

Bois teinté.
Ils reposent sur des socles en bois sculpté à décor de guirlandes de fleurs reposant sur quatre pieds en rinceaux feuillagés

H. 160 cm ; H. des bases 42 cm

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Estimation : 20.000 / 30.000 €

Prix au marteau : 56.000 €

Littérature en rapport :- Damir Tuli, Rijeka Per un catalogo delle opere veneziane di Giacomo Piazzetta, scultore in legno e marmo, in RAZPRAVE IN C? LANKI, p. 105 ;
- Andrea Bacchi, Giacomo Piazzetta, dans La scultura a Venezia da Sansovino a Canova, Longanesi & C., Milano 2000.

Lot 263

 

Œuvres en rapport :
– Giacomo Piazetta, Télamons, 1687, bois sculpté, Venise, Basilique Santi Giovanni e Paolo.

Giacomo Piazzetta est une figure majeure de la sculpture baroque vénitienne de la seconde moitié du XVIIe siècle à Venise. Il arrive dans la
Sérénissime en 1666, se forme dans l’atelier de Sante Pianta. Son œuvre sculpté dans le bois et dans le marbre montre la même aisance dans le traitement des volumes. Le canon des corps à la musculature prononcée et héroïque, exacerbée par les positions sophistiquées des figures, laisse pressentir l’influence très importante qu’a pu avoir Josse Le Court (1627-1679) sur l’œuvre de Piazzetta.
L’étude des œuvres sculptées sur bois par Piazzetta demeure à ce jour lacunaire. Cependant les télamons de l’église San Giovanni e Paolo à
Venise, datés entre 1676 et 1683, sont bien documentés. Ils ornaient la Librairie des frères dominicains à la basilique des Santi Giovanni e Paolo avec tout un ensemble en bois sculpté. De cette commande ne subsistent que les plafonds et les études en terre cuite des télamons (une partie conservée à Ottawa, National Gallery of Canada, n°inv. 26567.4). Ce chantier est celui de l’invention par Piazzetta de ce type de figures en télamon dont l’originalité lui vaut par la suite d’autres prestigieuses commandes. On peut plus particulièrement citer la commande reçue en 1687 d’un décor en bois sculpté pour l’école Santa Maria della Carità. Une partie des figures a brûlé et les autres sont réparties dans la sacristie de la cathédrale d’Adria en Vénétie et dans la basilique San Giovanni e Paolo à Venise. Ces figures masculines de l’école Santa Maria della
Carità présentent des caractéristiques stylistiques précises que nous retrouvons dans nos deux télamons.
La manière de Piazzetta se retrouve notamment dans le traitement des drapés. Les plis très droits du dos donnent au modèle une certaine stabilité en dépit du mouvement du corps tout en torsion. L’étoffe gonflé en plis arrondis et volumineux vient aussi harmoniser la silhouette en enveloppant les côtés. Toute aussi typique est cette manière de venir rassembler au niveau du bassin l’étoffe à l’aide de lanière ainsi que ce geste des mains qui vient ramener le tissu au sommet des figures, disposé comme une coiffe. Ce jeu savant autour des drapés souligne parfaitement le dynamisme du mouvement des corps tout en torsion.
Le traitement de la barbe, assez courte et peu creusée, souligne le mouvement des lèvres. On retrouve dans le saint Jean Baptiste de l’église
Santa Maria del Giglio la même douceur du visage et la même force expressive rendue sans exagération dramatique par le regard qui s’élève et les lèvres légèrement entrouvertes.
Piazzetta utilise ses savants drapés assemblés au sommet des têtes pour architecturer ses figures masculines qui ont pour destination bien précise celle d’entablement. Aussi, le haut du dos n’est pas courbé et le visage n’est pas incliné pour recevoir cette fonction de support. Le sculpteur se délivre ainsi des contraintes architectoniques pour libérer son talent dans le traitement virtuose des anatomies.

11 juin 2021 Thierry de Maigret Hôtel Drouot, salles 1 & 7
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