François Anguier (Eu, 1604 - Paris, 1669)
Monument funéraire de Jacques de Souvré (1600-1670)
Avant 1667
Maquette préparatoire en terre cuite originale Porte un texte ancien collé à l’intérieur de l’armure
Accidents, manques et restaurations
Dim. : H. 42 x L. 77 x P. 20 cm, Dim. support en bois : H. 13 x 83,7 x P. 26,5 cm
-Vente « Anonyme » du 21 mars 1763, n°150 décrit « la figure de M. le Bailli de Souvré, modèle de celui qui est dans l’église de Saint Jean de Latran, fait par le fameux Anguer (sic) (terre cuite), vendu 48 ? avec le Bérulle et le modèle du Christ ; -Vente Montesquiou-Fezensac du 29 janvier 1872, n°123 « modèle du monument funéraire de Jacques de Souvré, marquis de Courtanvaux, grand prieur de France, mort en 1670 par Michel Anguier, 385 Frs ; -Collection particulière française ; par descendance.
Estimation : 2.000.000 / 3.000.000 €
Prix au marteau : 2.552.000 € -FRAIS COMPRIS-
Œuvres en rapport :
– François Anguier, Monument funéraire de Jacques de Souvré, 1667, groupe en marbre, dim. 115 x 200 cm, Paris, musée du Louvre, inv. LP 550 ;
– Couronne, Tombeau de Jacques de Souvré, Album Lenoir Alexandre -2-, Paris, musée du Louvre, département des arts graphiques, vol.21 p.11, inv. RF 5280.111, Recto.
Encadré par la Renaissance florissante et l’éclatant règne de Louis XIV, les débuts du Grand Siècle ont souffert pendant longtemps, tout comme leurs arts, d’un moindre intérêt de la part des historiens et historiens d’art. C’est surtout vrai pour la Sculpture, dont les maitres de la Renaissance italienne -de Michel-Ange à Giambologna- et les grands noms des chantiers royaux de Versailles ont laissé dans l’ombre cette génération de sculpteurs actifs au milieu du XVIIe siècle.
Aujourd’hui encore qui connait le sculpteur normand François Anguier, si ce n’est une petite poignée de spécialistes ?
Parmi les plus prestigieux sculpteurs de sa génération, François Anguier a réalisé les œuvres majeures de cette période d’instabilité politique liée aux Guerres de Religions et claniques des grands princes ainsi qu’à l’affaiblissement du pouvoir royal sous le règne de Louis XIII (1617-1643) et de la Régence d’Anne d’Autriche (1643-1661). « Sculpteur officiel du Roi », François
Anguier a su profiter de cette concurrence entre commandes royales et commandes des grands 5 seigneurs du Royaume pour se distinguer dans la typologie de sculpture qui valorise cette recherche orgueilleuse de Gloire et d’Immortalité : l’art funéraire et sa transcription dans des monuments grandioses et onéreux, installés dans les édifices religieux les plus insignes d’un contexte de Contre-Réforme combative.
Cette maquette préparatoire de monument funéraire en terre cuite datée d’avant 1667, miraculeusement conservée, illustre l’excellence de la technique parfaitement maitrisée du sculpteur et de sa géniale inventivité : qui pourrait se douter, en admirant cet homme d’une grande beauté, à demi allongé, le torse dénudé, musclé et sensuel, les jambes recouvertes seulement d’un drapé mouvementé, accompagné d’un amour affligé, qu’il s’agit de Jacques de Souvré (1600-1670), l’un des plus grands hommes de guerre ayant servi Louis XIII, ambassadeur auprès de Louis XIV, de surcroit, Grand prieur de l’Ordre de Malte ?
À la fois intellectuelle et sensible, inspirée de l’antique, témoin du syncrétisme d’un baroque mesuré et du classicisme à la française, cette œuvre préparatoire à la commande du monument funéraire pour l’église Saint Jean de Latran à Paris (aujourd’hui en partie conservé au musée du Louvre, n°LP550) de l’un des plus importants personnages politiques du Royaume est indiscutablement un chef-d’œuvre de l’Art français du XVIIe siècle.