Frédéric-Auguste Bartholdi

Monument aux Aéronautes du Siège de Paris 1870 et aux Colombophiles, dit le Ballon des Ternes

Modèle créé en 1871
Bronze à patine brune nuancée, fonte vers 1900-1903
Signé "A Bartholdi" sur la terrasse
Repose sur une base d'albâtre (est on sûr que ce n’est pas du marbre-onyx ? ) ornée d'une plaque en bronze à décor de feuilles de laurier, titrée "MONUMENT DES AERONAUTES DU SIEGE DE PARIS / A Mr. ALFRED BRIAN : SOUVENIR DE PARTICIPATION"

Hauteur totale : 70 cm et diamètre 32 cm

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Estimation : 50.000 / 80.000 €

Prix au marteau :

N° de lot : 141

Littérature en rapport :-Thomas Grimm, Supplément illustré du Petit Journal, 11 février; 1906, p. 48, « Inauguration du monument des aéronautes du siège de Paris » (estampe)
- Stanislas Lami, Dictionnaire des sculpteurs de l'École française au Dix-neuvième siècle, Paris, Honoré Champion, quatre volumes,1914, t. I, p. 68,
-Jacques Betz, Bartholdi, Paris, Editions de Minuit, 1954, p. 247.
-Georges Poisson, « Le sort des statues de bronze parisiennes sous l'occupation allemandes, 1940-1944 », dans Paris et Ile-de-France, Mémoires publiés par la Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l'Ile-de-France, tome 47, 1996, pp. 256-260 ;
-Ss dir. Mathilde Benoistel, Sylvie Le Ray-Burimi et Christophe Pommier France- Allemagne(s) 1870-1871, La Guerre, La Commune, Les Mémoires », Cat. Exp. Paris, Hôtel des Invalides, 13 avril-30 juillet 2017, n°300, p.287

Monument de référence :
-Frédéric-Auguste Bartholdi, Monument aux Aéronautes du Siège de Paris 1870 et aux Colombophiles, dit le Ballon des Ternes, monument en bronze ,1879-1906, inauguré en 1906 au rond-point de la Révolte à Neuilly, enlevé et fondu en 1941 sous l’Occupation.

Œuvres en rapport :
– Frédéric-Auguste Bartholdi, Monument aux Aéronautes, maquette en plâtre et fils métalliques pour les cordages du ballon, H.57,50 cm, Colmar, musée Bartholdi, n°inv.SB50 ;
– Frédéric-Auguste Bartholdi, Monument aux Aéronautes ; maquette en plâtre teinté, fils métalliques pour les cordages du ballon, H.57 cm, Colmar, musée Bartholdi, n°inv.SB 51 ;
– Frédéric-Auguste Bartholdi, Modèle du monument à élever à la mémoire des ballons et pigeons du Siège ; aux héros des postes, des télégraphes, des chemins de fer, des aéronautes et des colombophiles de 1870-1871, plâtre localement patiné en ocre jaune rosé clair pour représenter les parties en bronze et fils métalliques, 1902, H.120 x L.113 x P.113 cm, n°inv.SB 52 ;
– Frédéric-Auguste Bartholdi, Monument aux aéronautes du siège de Paris, aux héros des postes, des télégraphes, des chemins de fer, 1900-1903, réduction en bronze sur un socle en onyx d’Algérie, H.74,5 cm, Colmar, musée Bartholdi, n°inv.SB 53 ;
-Frédéric-Auguste Bartholdi, Maquette du monument élevé à la mémoire des aéronautes du siège de Paris, bronze peint et patiné, H. 57,5 et diam 22,5 cm socle H.35 cm, musée de l’Air Le Bourget, inv.11012.

 

Artiste engagé et hérault de la liberté, de l’héroïsme et de la résistance, Bartholdi participe au concours pour le monument de la défense de Paris lancé en 1879 par la Ville de Paris, tout en sortant complètement du programme demandé. Les sculpteurs devaient réaliser un groupe allégorique de deux personnages, la ville de Paris avec un défenseur. Alors qu’il travaille déjà depuis décembre 1871 à la commande du Lion de Belfort, véritable œuvre de résistance d’une grande singularité, l’artiste colmarien propose un projet complexe et déjà bien abouti (avec le piédestal). Il est composé d’un groupe de personnages – une femme symbolisant la Ville de Paris et ses enfants revêtus d’attributs à l’antique -mourant de froid et de faim, mais défendant l’accès d’un immense ballon. L’invasion prussienne est, quant à elle, symbolisée par une pieuvre dont les tentacules enserrent les armes de la Ville fixées sur le piédestal. Si le concours est remporté par Barrias, Bartholdi s’emploie tout de même à concrétiser son projet de monument les années suivantes.
Dans le journal le Siècle daté de 21 novembre 1903 Maurice Guillemot en fait ainsi l’éloge : « Il a su triompher de la difficulté qu’il y avait à représenter en sculpture un ballon, et le groupe sculptural qui lui sert de base retient assez l’attention pour que la réalisation des cordages puisse passer inaperçue ».
Dans la lignée de ces grands projets de statues-phares (L’Egypte éclairant l’Orient, projet pour l’Isthme de Suez jamais réalisé et le premier projet de la statue de la Liberté), l’artiste souhaitait surmonter la nacelle d’un ballon en albâtre éclairé la nuit par un puissant foyer électrique. Mais pour des raisons pratiques, il fut décidé que le ballon serait plutôt fondu en bronze martelé et rivé pièce à pièce comme les autres œuvres monumentales précitées. Le premier projet devait trouver place au sommet de la butte Montmartre d’où s’étaient envolés le 7 octobre 1870, les soixante-six ballons des aéronautes, véritables pont-aériens. Le plus célèbre, l’Armand Barbès, avait à son bord Léon Gambetta, ministre de l’Intérieur qui avait constitué après la chute de l’Empire le gouvernement de la Défense nationale. La localisation du monument est finalement annulée en raison de la construction de la Basilique du Sacré-Cœur. La Société de navigation aérienne et l’Aéroclub patronnant la souscription pour installer l’œuvre sur une place de Paris n’ont pas gain de cause. Finalement Bartholdi se tourne vers la commune de Neuilly-sur-Seine. Après de nombreuses années d’atermoiement, la maquette du monument de Bartholdi est présentée au Salon de 1904. Bartholdi décède malheureusement quelques semaines plus tard, et le monument est achevée par Hubert-Louis Noël (1838-1925), puis inauguré en janvier 1906 au Rond-point de la Révolte, en face de la Porte des Ternes. Il est finalement démantelé et détruit sous l’Occupation.

Comme pour le financement colossal de la Statue de la Liberté, celui du Monument en l’honneur des aéronautes du siège de Paris et des héros des postes, des télégraphes et des chemins de fer a nécessité le lancement d’une souscription. Cette dernière a donné l’occasion de vendre des réductions en bronze de ce sujet. Notre exemplaire, offert à l’un des participants de cette souscription, comme l’indique le cartel fixé à la base, appartient à une petite édition d’une qualité remarquable dont on connait au moins deux autres exemplaires, l’un conservé au musée Bartholdi à Colmar (n°inv.SB 53) et le second au musée de l’Air au Bourget (inv.11012.)

26 novembre 2024 Artcurial Paris
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