Rembrandt Bugatti (1884-1916)
Marabout au repos
Modèle créé vers 1907
Bronze à patine brune
Signé "R Bugatti" et porte le cachet de l'éditeur "CIRE PERDUE A.A. HEBRARD" sur la terrasse ; Numéroté "9" sur la tranche de la terrasse à l'arrière du cachet
H. : 25 cm et terrasse : 22,7 x 10 cm et longueur totale : 27,7 cm
Collection particulière, Lyon.
Estimation : 30.000 / 40.000 €
Prix au marteau : 67.000 €
N° de lot : 489
Oeuvres en rapport :
-Rembrandt Bugatti, Les marabouts l’un contre l’autre, pièce unique, vers 1908, bronze à la cire perdue, Paris, salon d’automne 1908, n°316, vendu A.A. Hébrard, janvier 1909.
-Rembrandt Bugatti, Marabout, vers 1908, tirage en plâtre, H.27,5 x 28,5 x 13,2 cm, Paris, musée d’Orsay, n°inv. RF3571 ;
Entre 1903 et 1908, les parents de Rembrandt Bugatti s’installent à Paris, offrant à l’artiste l’opportunité de passer de longs moments d’étude à la Ménagerie du Jardin des Plantes et au marché aux chevaux, situés dans le même quartier. A cette période, il se rend aussi régulièrement au Jardin Zoologique d’Anvers. Alors qu’il s’est d’abord consacré aux animaux domestiques ou de la ferme, Bugatti se passionne à présent pour les espèces sauvages et les oiseaux. Fasciné par les oiseaux exotiques et migrateurs, tels les cigognes, pélicans, flamants roses, vautours, grues, serpentaires, marabouts et casoars, il aime les modeler dans des scènes où leurs interactions sont magnifiées par l’aptitude du sculpteur à capter la réalité des expressions, à rendre leurs mouvements.
Si le pélican est l’un de ses sujets de prédilection et fait partie des animaux exécutés précocement, Bugatti s’intéresse vers 1907 au marabout auquel il se compare dans une lettre adressée à une amie, souffrant d’esseulement (p.136 et p.258, ouvrage de Véronique Fromanger) : « Après n’ayant pas de vos nouvelles, je redeviens vite découragé et morose. Je ressemble à un vieux marabout ».
Il modèle d’abord un couple de marabouts intitulé « Les Marabouts, l’un contre l’autre » puis notre modèle du Marabout au repos. Dans le premier groupe, l’artiste, en rapprochant les deux échassiers, a privilégié l’interaction entre les deux animaux et mis en valeur leur attachement réciproque. Dans la représentation du Marabout au repos, le bec forme avec les longues pattes repliées deux lignes parallèles se réunissant dans la masse du corps aux ailes repliés : cette synthèse des volumes, associée au rendu simplifié mais soigné du plumage, exacerbe la force d’expression si singulière de l’échassier au repos : l’attitude calme et posée de l’oiseau est ici parfaitement rendue mais pourrait aussi vouloir laisser transparaitre le profond sentiment de solitude de l’artiste. Du modèle en plâtre, son éditeur exclusif Adrien A. Hébrard aurait édité au moins une dizaine d’exemplaires (sous toute réserve) entre 1913 et 1934. Notre bronze numéroté 9 est répertorié dans le catalogue de l’artiste rédigé par Véronique Fromanger où il est mentionné à « la Galerie A.A Hébrard en 1931 ».