Ecole française vers 1800

L’ivresse d’Hercule d’après l’Hercule ivre antique du forum de Velleja à Parme

Bronze à double patine brune et verte
(Restauration au bras gauche, patine postérieure)

H. 26 cm, sur une base hexagonale en bois noirci et doré

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Estimation : 1.500 / 2.000 €

Prix au marteau : 4.400 €

Littérature en rapport :-John F. Kenfield III, “Bronze Herakles in the Metropolitan Museum: Drunkard or Wrestler?”, American Journal of Archaeology, Vol. 80, No. 4 (Autumn, 1976), pp. 415-419 ;
- Jeremy Warren, Medieval and Renaissance sculpture. A Catalogue of the Collection in the Ashmolean Museum, Oxford, volume 1, Sculptures in Metal, Ashmolean Publications, pp.180-185 ;
-Marco CAVALIERI, Debora BARBAGLI, Roberta CONVERSI, Alessandra GIUMLIA-MAIR, Veleia’s Bronzes Collection. New Archeological and scientific data and interpretations, Université catholique de Louvain, in 18th international Congress on Ancient Bronzes, Université de Zurich, 3-7 septembre 2013, https://dial.uclouvain.be/pr/boreal/object/boreal%3A161333/datastream/PDF_01/view

Lot 99

 

Œuvres en rapport

-Grèce, période hellénistique, Héraclès ivre, IIIème-IIème siècle avant JC, statuette en bronze, New York, Metropolitan Museum of Art, n°15.57 ;

-Asie mineure, 332-30 av. JC, Hercule ivre, bronze, H.: 18,5 cm Walters Art Gallery, no. 54.723;

Hercule Ivre (IIème siècle apr. J.C.), bronze, Muzeo Nazionale de Parma, inv. B105, H. 26 cm.

 

Notre œuvre dérive du modèle classique dit « Hercules bibax », une variante hellénistique tardive de l’Herakles Epitrapezios de Lysippe.Le corps du dieu nu est représenté avec un déséquilibre spatial très prononcé. Le buste à la musculature puissante penche profondément en arrière et le ventre est en saillie, la tête est penchée vers la droite, tandis que le bras droit entraine vers la bouche du héros un skyphos très incliné. Dans la main gauche, il tenait très certainement sa massue. La bouche entrouverte, la posture de la tête légèrement déportée vers la droite et ses jambes pliées et largement écartées pour chercher la stabilité lui donnent une attitude d’homme titubant sous le coup de l’ivresse.

Cette œuvre rappelle les petites statuettes votives antiques exécutées dès l’époque hellénistique pour répondre au culte du héros grec lors de lectisternes. Ces œuvres ont ensuite été remises au goût du jour et copiées à la Renaissance, alors qu’un certain nombre d’entre-eux sont redécouverts, comme l’atteste l’exemplaire fondu dans le nord de l’Italie au début du XVIème siècle et conservé au musée d’Oxford (Ashmolean Museum, H. 15,9 cm, n°inv. WA1963.18).

Notre œuvre a pour modèle la version la plus célèbre de ce type iconographique : le superbe bronze romain excavé du forum de Velleja près de Parme en 1760, lors des fouilles conduites par le Duc de Parme, Philippe de Bourbon.  Cette statuette portait un skyphos dans sa main droite, dont il ne reste plus que le pied et tenait dans sa main droite une massue retrouvée plus tardivement, ce qui explique l’absence de cet attribut sur les copies réalisées après sa découverte.

L’œuvre connut une grande célébrité dès sa découverte, comme en témoigne sa mention dans l’ouvrage de Winckelmann dès 1783 (second volume de Storia delle arti del disegno presso gli Antichi , 1783-4, p.40, note 1) et une copie en bronze de belle qualité de fonte et fixé sur une base circulaire identique actuellement conservée à Bologne (Museo Civico Medioevale, H. 26 cm, n°inv.1506).

Cette œuvre fait partie des lots saisis par les troupes napoléoniennes en 1797 et transportés à Paris jusqu’en 1815. Elle fut présentée à Paris au Cabinet des antiquités et connut un fort engouement qui fut suivi de la réalisation de nombreuses copies en plâtre et en bronze. On sait notamment que Alexandre Lenoir, Vivant Denon ou Ingres en possédaient des moulages.

Notre œuvre de belle qualité d’exécution et de patine, fixée sur une base rectangulaire, s’inscrit dans le corpus des œuvres fondues en France à cette période.

23 mars 2021 Lynda Trouvé Hôtel Drouot, salle 4
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