École allemande ou flamande de la seconde moitié du XVIIe siècle

L’Enlèvement de Déjanire ou L’Enlèvement d’Hippodamie

D’après des modèles florentins de la Renaissance
Groupe en bronze à patine brune, traces de dorure

14,5 x 13,5 x 9,5 cm

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Estimation : 8.000/10.000 €

Prix au marteau :

Littérature en rapport :– F. Goldschmidt, Die italienischen Bronzen der Renaissance und des Barock, Königliche Museen zu Berlin, Berlin, 1914, t.II, p.26, n°117, pl.41 (ill.).
– Dimitrios Zikos, Longa amities Giambolognas Kunst und Bayern, in catalogue de l’exposition Bella figura,
Europaïsche Bronzekunst in Süddeutschland um 1600, Hirmer, p.88-107.
– J. Kugel, Les bronzes du prince du Liechtenstein, chefs d’oeuvre de la Renaissance et du Baroque, 2008, n° 6, 8 et 9, p. 88, 90, 91.

Cette composition dynamique et tournante à trois personnages est l’oeuvre d’un artiste qui a donné une intensité particulière à des modèles et des sujets issus de la tradition florentine de la Renaissance. Ce groupe en bronze s’inspire d’épisodes extraits des Métamorphoses d’Ovide : il pourrait s’agir de l’enlèvement de Déjanire, femme d’Hercule, par le centaure Nessus ou encore de la scène déclenchant la fameuse bataille des centaures contre les Lapithes : le centaure Eurytion enlevant Hippodamie lors de son mariage avec Pirithoos.
Cette oeuvre présenterait, dans une veine dramatique, l’instant où Déjanire est enlevée par le centaure Nessus. Or il offre une image inaccoutumée d’Hercule, celle d’un vaincu, écrasé sous le poids du centaure, la massue immobilisée par sa patte ; c’est pourquoi nous proposons d’y voir éventuellement Pirithoos.
Les trois protagonistes sont étroitement associés dans une ronde funeste : la femme s’agrippe à la main droite de l’homme, tandis qu’elle arrache la chevelure du centaure, dans un geste d’une rare violence que l’assaillant lui même reproduit avec Hercule. Leurs gestes de défense dégagent les visages pleins de fureur des deux combattants et le désespoir de l’épouse.
Ce groupe d’enlèvement semble fusionner trois thèmes chers aux grands artistes de la Renaissance florentine et particulièrement au célèbre Giambologna : l’Enlèvement des Sabines, groupe à trois personnages, son célèbre bronze de Nessus enlevant Déjanire et enfin, Hercule terrassant le centaure Nessus également très prisé dans la République de Florence à la fin du XVIe siècle, tous repris par des générations d’artistes italiens et étrangers.
Notre oeuvre présente une action à son paroxysme, dans une composition où tous les protagonistes sont impliqués.
L’expression est donnée par la tension ressentie dans les membres minces à la musculature nerveuse, dans des gestes amples, dans les expressions exagérées, presque grimaçantes : ces caractéristiques sont proches de ceux d’artistes flamands, tel Willem van Tetrode (dit aussi Guglielmo Fiammingho). Dans la même veine, notre artiste probablement d’origine flamande ou allemande est un fin connaisseur des modèles florentins du XVIe siècle.
Comme un grand nombre d’artistes baroques de la sphère germanique, il a su exprimer sa maîtrise technique dans une composition originale, nerveuse, à la forte potentialité dramatique.

 

Œuvres en rapport :

– Maître florentin à la suite de Jacopo Sansovino, Groupe d’enlèvement par un Centaure, vers 1530-1540, bronze, H.
14 cm, Berlin, Staatliche Museen, A. N.251, inv. 1818
– Italie, Florence, XVIIe siècle, Nessus et Déjanire, bronze à patine brune, 14,5 x 13,5 cm, vente Sotheby’s du 6 avril
2011, Paris, lot 13.

17 mai 2019 Daguerre S.V.V. - Paris Hôtel Drouot, Paris, 13h45
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