Auguste RODIN (1840-1917)
Le Baiser, réduction n°2
Modèle original créé en 1881-1882
Chef modèle de la Réduction n°2 en 1899
Édition par la maison Barbedienne du vivant de l'artiste entre 1899 et 1917
Épreuve en bronze à patine brune, fonte au sabl.
Signé Rodin sur le côté gauche en haut du rocher
Porte le cachet circulaire Réduction Mécanique A Collas à l'arrière du rochet et la marque de
l'éditeur Barbedienne Fondeur Paris sur le côté droit de la base
Porte les lettres AA et le n° 798 sur la tranche au dessous
Quelques petites griffures sur l'omoplate droite et le coude gauche de l'homme et l'avant-bras
gauche de la femme
25,7 x 15,7 x 15,4 cm
Collection particulière depuis les années 1960
Estimation : 30.000 / 50.000 €
Prix au marteau : 110.000 €
N° de lot : 107
- Antoinette Le Normand-Romain, Les bronzes de Rodin, catalogue des oeuvres du Musée Rodin, vol.1, Paris, RMN, 2007, modèle répertorié sous le n°S776, p.161 ;
- Antoinette Le Normand-Romain, Rodin la Porte de l'enfer, tout l'oeuvre, Paris, éd. Musée Rodin, 2002, pp.42-43 ;
- Florence Rionnet, Les bronzes Barbedienne, l'oeuvre d'une dynastie de fondeurs, 1834-1954, Paris, Arthéna, 2016, modèle répertorié sous le n° Cat.1167, p.387.
Oeuvres en rapport :
-Auguste Rodin, Paolo et Francesca, vers 1880, mine de plomb, plume et encre brune, rehauts de gouache sur
papier crème collé en plein sur un carton, 19,4 x 14,5 cm, Paris, musée Rodin, inv. D.3763 ;
-Auguste Rodin, Le Baiser, vers 1885, plâtre patiné, H. 86 cm, Paris, musée Rodin, inv. S.02834 ;
-Auguste Rodin, Le Baiser, réduction n°2, chef modèle, 1899, bronze, fonte au sable par Barbedienne, signé Rodin
sur le côté gauche de la base, dim. 25,7 x 15,9 x 15,7 cm, Paris, musée Rodin, inv. n.S776.
« Le Baiser… Quel morceau de maître ! Jamais le marbre n’a plus vécu ! Jamais, dans un baiser, deux âmes ne sont passées l’une dans l’autre avec une caresse plus humaine, plus belle, plus sculpturale ! Voilà l’oeuvre d’un coeur
d’artiste ! Voilà le chef-d’oeuvre ! ».
Cette citation du critique Benjamin-Constant traduit à elle seule l’influence de l’oeuvre la plus iconique du sculpteur Auguste Rodin.
Ce couple enlacé assis sur un rocher et uni dans une étreinte passionnée a revêtu, depuis sa création et pour
toutes les générations qui l’admirent, une dimension symbolique et universelle de l’Amour.
« C’est l’Amant, c’est l’Amante, plus encore c’est l’Amour ! » s’écriait tout autant le critique Gustave Geffroy
devant l’oeuvre que Rodin avait pourtant dotée originellement d’une dimension plus dramatique et sombre. Inspiré
du Chant V de l’Enfer de La Divine Comédie de Dante, le couple représentait les amants maudits Francesca et Paolo.
Dès 1882 le sujet s’inscrit parmi les nombreux sujets que Rodin façonne pour orner sa magistrale Porte de l’Enfer. Les personnages apparaissent au bas du vantail de gauche, en face d’Ugolin dans une des premières maquettes de la Porte de l’Enfer. Toutefois, en 1886 Rodin remplace le groupe sur la Porte par un autre modèle plus tourmenté (Couple enlacé) et décide de présenter le groupe en ronde-bosse en tant qu’oeuvre isolée, à la Galerie Georges Petit à Paris et au Salon Bruxelles de 1887 sous le titre de Paolo et
Francesca. Le succès est immédiat. Le caractère intemporel de l’oeuvre conduit le public à la baptiser le Baiser et l’État à en commander une première version agrandie en marbre initialement destinée à être présentée à l’Exposition universelle de 1889. Ce n’est toutefois qu’en 1898 que l’oeuvre est achevée. Elle est présentée au Salon de Paris au centre de la salle, en pendant de la controversée sculpture de Balzac.
Le thème et la sensualité du groupe répondent aux attentes d’un public pleinement séduit.
Le succès rencontré par ce groupe semble avoir échappé à Rodin lui-même quand Ferdinand Barbedienne, opportuniste, lui propose dès juillet 1898 un contrat exclusif d’édition. Le contrat stipule une concession pour vingt
ans ans avec droits de reproduction en métal jusqu’à 3/4 de la dimension originale et des réductions. Le sculpteur
s’interdit aussi de faire une édition en plâtre qui entrerait en concurrence avec la maison Barbedienne. Il se réservait
seulement le droit de reproduire en marbre à l’échelle originale ou réduite et sous sa surveillance, tout en s’engageant à les mettre en vente exclusivement chez Leblanc- Barbedienne. En contrepartie toutes les réductions se
devaient d’être réalisées sous la direction de Rodin et approuvées par lui.
La Maison Barbedienne propose dès 1899 deux formats différents : le premier de 72 cm, le second de 26 cm correspondant à notre exemplaire, deuxième réduction historique.
Deux autres formats suivent au catalogue de vente, de 42 cm et 60 cm. Tout comme le marbre qui a connu un vif succès, les épreuves en bronze contribuèrent à rendre cette oeuvre iconique.
Entre 1899 et 1917 (le contrat d’édition prend officiellement fin le 6 juillet 1918)