Champagne méridionale, vers 1525-1530

La Vierge à l’Enfant

Sculpture en fort relief en pierre calcaire polychromée et dorée, dos ébauché
(Usures et restaurations)

H. 113 cm

Collection Jeanson ; Vente anonyme ; Paris, Hôtel Drouot, Me Libert, 4 juin 1964, n°40 ; Provenant de la collection Fernand Lafarge ; puis par descendance

Estimation : 80.000 / 120.000 €

Prix au marteau : 80.000 €

Littérature en rapport :-Raymond Koechlin et Jean-Joseph Marquet de Vasselot, 'La Sculpture à Troyes et dans la Champagne méridionale au seizième siècle', Coulommiers, 1900, p. 205-212
-Paul Leprieur, 'La Sculpture en Champagne', Paris, 1901, t.1, p. 407-416
-Nicole Hany, " Les Vierges de l'atelier dit de " Saint-Léger " ou un nouveau regard jeté sur la sculpture troyenne ", in 'Vie en Champagne. Numéro spécial, Regards sur l'école troyenne de sculpture du XVIe siècle', n°309, avril 1981, p. 20-30
-Heinz Hermann Arnhold, 'Die Skulptur in Troyes und in der südlichen Champagne zwischen 1480 und 1540 : stilkritische Beobachtungen zum Meister von Chaource und seinem Umkreis', thèse de doctorat, Université de Fribourg, 1992
-Véronique Boucherat, 'L'Art en Champagne à la fin du Moyen-Age, Productions locales et modèles étrangers (v.1485-v.1535)', Rennes, 2006, p. 251-256
-Jean-René Gaborit, Geneviève Bresc-Bautier, 'Le Beau XVIe - Chefs-d'œuvre de la sculpture en Champagne', cat. exp. , Troyes, 2009, p. 49, notice 11, p.251, notice 13, p. 252 et Véronique Boucherat, " Les traductions de la dévotion mariale ", p. 65-74
-Marion Boudon-Machuel, 'Des âmes drapées de pierre - Sculpture en Champagne', Rennes, 2017, p. 183, p. 244, p. 273 et 280

Lot 347

 

Bibliographie :

-Véronique Boucherat,  » Nicolas Halin et le Prétendu atelier de Saint-Léger  » in Jean-René Gaborit et Geneviève Bresc-Bautier (dir.), ‘Le Beau XVIe – Chefs-d’œuvre de la sculpture en Champagne’, cat. exp., Troyes, 2009, p. 241, cité note 23

 

Cette magnifique Vierge à l’Enfant dont le niveau de raffinement force l’admiration constitue un remarquable exemplaire de la statuaire champenoise du premier tiers du XVIe siècle.
Par sa qualité, son style et sa composition, elle s’apparente aux œuvres anciennement regroupées sous l’appellation de  » l’atelier de Saint Léger  » (appellation donnée par Koechlin et Marquet de Vasselot dans la première étude générale sur le sujet au début du XXe siècle). Cette dénomination ayant été remise en cause, les recherches récentes ont réattribué les œuvres du groupe aux suiveurs de l’un des seuls sculpteurs champenois identifiés de la période, Nicolas Halins (voir V. Boucherat, cat. exp. 2009, p. 177-178).

A l’instar de la Vierge du Breuil (musée national d’Ecouen, n°inv.E.Cl.11662), notre sculpture présente des analogies saisissantes avec la Vierge du groupe de la Visitation de l’église de Saint-Jean-au-Marché de Troyes, reconnu comme l’un des fleurons de la sculpture champenoise : le traitement du visage (visage de forme ovale, yeux en amandes, bouche menue et petit menton, front bombé encadré par des mèches de cheveux stylisées tombant en ondulations en de longues mèches sur les épaules), la préciosité et le niveau de détails des éléments vestimentaires valorisés par une rare polychromie (coiffe à bandeau emperlée, manches bouffantes à crevasses, ceinture se terminant en deux rubans lâches et symétriques, patenôtre …) contribuent à doter cette œuvre d’un grand naturalisme. Joueur, l’Enfant Jésus se dresse sur l’arceau d’un lange et tend le bras droit vers le bâton fleuri que tient délicatement la Vierge. Ce détail iconographique inspiré de l’œuvre de l’église de Picarreau (Jura) et repris pour d’autres exemplaires du groupe est enrichi par la présence d’une grive posée sur le dessus du bouquet. L’oiseau picore la grappe de raisin que lui avance l’Enfant Jésus. Tout attentif à sa sustentation, il en néglige le hochet (ou bien est -ce un sceptre ?) qu’il porte de la main gauche.
Sous ses airs anecdotiques, légers et divertissants, cette Vierge à l’Enfant n’en diffuse pas moins un message d’une grande portée spirituelle. L’association de tous les attributs fait en effet référence à l’Eucharistie et à la Passion du Fils de Dieu, tout en rappelant le rôle initial de cette œuvre magistralement achevée : elle est un support de dévotion pour les fidèles.

 

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10 juin 2021 Artcurial 7, rond-point des Champs Élysées 75008 Paris
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