Joseph-Antoine Bernard (1866-1931)

La Jeunesse charmée par l’Amour

Modèle circa 1906
Bronze à patine brun foncé
Édition originale A.A Hébrard, fonte à la cire perdue
Signé "Joseph Bernard", porte le cachet du fondeur "A.Hébrard, Cire perdue, Paris" et le n°7

H. 35 cm

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Estimation : 8.000/10.000€

Prix au marteau : 14.800 €

Littérature en rapport :-Didier Chautant, Recherches sur la vie et l’œuvre de Joseph Bernard (1866-1931), sculpteur français, thèse de l’ecole du Louvre dirigée par Jacques Thirion, Paris, 1977 ;
- René Jullian, Joseph Bernard, Ed. Fondation de Coubertin, Saint-Rémy-les-Chevreuses, 1989 ;
-Fondation Coubertin, Genèse d’une sculpture : le monument à Michel Servet à Vienne par Joseph Bernard, Fondation Coubertin, publié à l’occasion de l’exposition organisée à la Fondation de Coubertin du 11 septembre au 11 novembre 1991 ;
- Catherine Chevillot, Paris, creuset pour la sculpture (1904-1914), thèse pour l’obtention du Doctorat en Histoire de l’Art sous dir. Prof Thierry Dufrêne, 3 vol., 2012.

Lot n°15

Ce séduisant groupe en bronze, intituléLa jeunesse charmée par l’Amourreprésente un couple de jeunes amoureux enlacés. Il a été exécuté par le sculpteur viennois (Isère) Joseph-Antoine Bernard, d’après un modèle de 1906-1907. Sa fonte et sa patine remarquables ont été réalisées par le célèbre éditeur et fondeur Adrien-Aurélien Hébrard.

Issu d’une famille de tailleurs de pierre de Vienne (Isère), Joseph Bernard se forme tout d’abord à l’Ecole des Beaux–arts de Lyon avant d’intégrer en 1887 l’atelier de Pierre-jules Cuvelier à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-arts de Paris. Peu attiré par l’enseignement académique, solitaire et travailleur, il cherche son propre style, influencé par l’œuvre de Rodin. Il présente sa première œuvre au Salon de 1892, l’Espoir vaincu,qui lui vaut un premier succès. En 1905, il reçoit de sa ville natale, une commande majeure pour le déroulement de sa carrière : celle du Monument public au théologien et savant opposé à Calvin, Michel Servet (1541-1553). C’est dans ce contexte qu’il réalise le modèle de notre œuvre.

Ce projet ambitieux et de longue haleine qui occupe l’artiste 1906 à 1911est composé d’une représentation du supplicié au poteau, et d’un groupe allégorique représentant la Jeunesseet la Raison. La Raison surplombe un couple de jeunes gens assis : la jeune fille est tout en retenue, les mains croisés sur un genoux et le jeune homme, main gauche posée sur l’épaule, semble lui parler, regard au loin.

L’artiste qui a tout le long de sa carrière été sensible aux figures de jeunes filles (cf. son œuvre la plus célèbre, la Jeune fille à la cruche, modèle de 1910) s’intéresse ici à la naissance du sentiment amoureux. Si notre modèle dérive directement du groupe assis du Monument à Michel Servet, il présente toutefois une variante d’une grande tendresse qui exalte ce sentiment amoureux : la jeune fille croise non seulement ses mains, mais également ses pieds dans une attitude d’une grande pudeur, tandis que le jeune homme à l’allure détendue et désinvolte tourne sa tête vers sa dulcinée et semble emporté dans un discours élogieux.

La pudeur et la grâce de ce groupe sont également soulignées par l’extrême finesse de la fonte et la douceur de la patine. Le sculpteur, qui connaissait à l’instar de nombreux artistes, des difficultés matérielles considérables, bénéficie, grâce à une réputation durement acquise, de l’attention du grand dénicheur de talent et homme d’affaires, Adrien-Aurélien Hébrard. Egalement fondateur d’une fonderie de grande renommée depuis 1902, cet homme avisé et visionnaire passe un contrat d’édition en 1908 avec l’artiste pour des pièces de petites dimensions. Après avoir découvert Rembrandt Bugatti et soutenu Antoine Bourdelle, A. Hébrard consacre à Joseph Bernard sa première exposition personnelle dans sa Galerie du 8 rue Royale, entre le 4 et 23 mai 1908 : parmi les œuvres exposéesse trouve un exemplaire de La Jeunesse charmée par l’Amour (N°17).

Bien que Joseph Bernard soit connu et reconnu pour ses sculptures en marbre exécutées en taille directe, il doit aussi une grande partie de sa reconnaissance artistique à la politique d’édition et la qualité des bronzes d’Adrien Hébrard.

30 novembre 2018 Mathias & Oger-Blanchet Drouot - Salle10 - 14H
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