Jacques Lipchitz (1891-1973)
La Fuite
Modèle créé en 1940 ; fonte probablement entre 1942 et 1950
Bronze à patine brune
Signé " JLipchitz " et porte l’empreinte de l’artiste
H. 36,4 cm
Provenance : Ancienne collection d’Edmond Bomsel ; par descendances
Estimation : 15.000 / 20.000 €
Prix au marteau :
N° de lot : 228
-Nicole Barbeier, Lipchitz: œuvre de Jacques Lipchitz, 1891- 1973, Paris, Centre Georges Pompidou, 1978, modèle réper- torié sous le n° 38, pp. 84-85 ;
-Alan G. Wilkinson, The sculpture of Jacques Lipchitz: a catalogue raisonné, New York, Thames and Hudson, 1996, vol. 1, modèle répertorié sous le n° 344, p. 111 ;
-Jonathan Fineberg, « Lipchitz in America », in Lipchitz and the avant-garde : from Paris to New York, cat. Exp.Urbana-Champaing, Krannert Art Museum and Kinkead Pavillon, 22 septembre 2001-6 janvier 2002, University of Washing- ton Press, pp. 57-68;
-Sous dir. Brigitte Léal, Jacques Lipchitz : collections du centre Pompidou, cat. exp., Nancy, musée des beaux-arts, 17 décembre 2004-14 mars 2005, Calais, musée des beaux- arts et de la dentelle, 7 avril-29 août 2005, Paris, Centre Pompidou, modèle répertorié sous le n°55, p. 67, p. 51 ;
-Lipchitz : les années françaises de 1910 à 1940, cat. Exp. Boulogne Billancourt, musée des années 1930, 6 octobre-30 décembre 2005, Parus, Somogy éd. D’art, 2005, modèle répertorié sous le n° 67, p. 103, p. 47.
Œuvres en rapport :
-Jacques Lipchitz, La Fuite, 1940, plâtre patiné, dim. 37,2 x 37 x 22,2 cm, Paris, Centre Pompidou, en dépôt au musée d’art et d’histoire du Judaïsme, inv. AM 1976-845 ;
-Jacques Lipchitz, La Fuite, modèle en 1940, fonte entre 1942 et 1950, bronze, signé » JLipchitz » dim. : 36,2 x 18,7 x 20,3 cm, Philadelphie, Philadelphia museum of art, inv. 2022-72-119.
Exposition :
-Jacques Lipchitz, Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 17 janvier-28 février 1959, notre exemplaire répertorié sous le n°80.
Un homme soutient une femme et lève son bras dans un geste protecteur. Leurs corps sont inclinés vers l’avant, une draperie flotte derrière eux, ils semblent s’élancer dans une course précipitée. Le dynamisme de la scène est accentué par les formes sinueuses qui semblent se fondre les unes dans les autres, créant un déséquilibre renforcé par la présence de seulement trois jambes. Réalisé en 1940, ce groupe est le reflet de la condition de Jacques Lipchitz et de sa femme. Alors que les troupes allemandes entrent en France, le sculpteur quitte Paris pour Vichy puis Toulouse, abandonnant son atelier et ses œuvres. Dans la Ville Rose, sans ressources, il réalise des dessins et des portraits. Il sculpte peu mais porté par l’espoir d’un secours et le désir de s’échapper, il modèle une petite esquisse intitulée La Fuite. Lorsqu’il rejoint les Etats-Unis, il emporte avec lui seulement deux sculptures, La Fuite et L’Enlèvement d’Europe (1941), ainsi que quelques dessins. À son arrivée à New-York en juin 1941, Lipchitz reprend pleinement son travail de sculpteur et réalise le pendant de La Fuite intitulé L’Arrivée. Dans le même élan, cette œuvre représente une famille, la mère présentant un enfant dans ses bras tendus vers le ciel. Prélude à sa pé- riode américaine, ces deux groupes font preuve d’un expressionnisme, d’une grande liberté de composition à la fois spontanée et personnelle.
À New York, Lipchitz rencontre le marchand et éditeur Curt Valentin, par l’intermédiaire du collectionneur et marchand d’art Joseph Brummer, qui lui avait organisé sa première exposition new-yorkaise en 1935. Au début de l’année 1942, Valentin lui consacre une exposition à la galerie Buchholz où il y présente les groupes La Fuite et L’Arrivée. Grâce à ces soutiens, Lipchitz parvient à faire fondre ces œuvres en bronze. Il travaille d’abord avec la Roman Bronze Foundry, puis, à partir de 1942, presque exclusivement avec la Modern Art Foundry. Un bronze de ce modèle, fondu entre 1942 et 1950 par l’une de ces deux fonderies est conservé à Philadelphie. Le catalogue raisonné publié en 1996 par Alan G. Wilkinson mentionne une édition de sept exemplaires.
Notre bronze provient de la collection d’Edmond Bomsel, avocat, bibliophile et directeur des éditions du Sagittaire. Proche des surréalistes, il contribue au financement de la galerie Gradiva d’André Breton en 1937. Il est également, aux côtés de Dubuffet, Breton et Paulhan, l’un des fondateurs de la Compagnie de l’Art brut. Collectionneur engagé, Edmond Bomsel prête régulièrement des œuvres de sa collection pour des expositions. C’est notamment le cas de notre exemplaire de La Fuite présenté au Palais des beaux-arts de Bruxelles de janvier à février 1959, sous le numéro 80 du catalogue.