Allemagne du Sud, fin du XVIIème siècle

La Crucifixion du Christ

Relief en ivoire
(Salissures)

H. 11cm ; L. 15 cm dans un coffret en bois teinté et mouluré probablement ancien, protégé par une vitre dim.totales : 20,6 x 24,8 cm

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Estimation : 4.000 / 6.000 €

Prix au marteau : 47.000 €

Littérature en rapport :-Ss dir. Maraike Bückling et Sabine Haag, Elfenbein . Barocke Pracht am Wiener Hof, Liebighaus Skulpturen. Sammlung, Cat.Exp. 3 février -26 juin 2011.
-Ss dir. Eike D. Schmidt, Maria Sframeli, Diafane Passioni. Avori barocchi dalle corti europee, Firenze Musei, Sillabe, cat Exp., 2013

Œuvre en rapport :

-Atelier de Christoph Daniel Schenck ?, Crucifixion, ivoire , 15,5 x 13 cm, Florence, Palazzo Pitti, Museo degli Argenti, inv.Bg.Avori 1879.n°6.

 

Cette scène de crucifixion a été réalisée par un artiste allemand doté d’une très grande virtuosité à la fin du XVIIème siècle.

Réalisée sur différents plans successifs qui la théâtralisent, la scène relate l’instant où le soldat romain, Longin le Centurion, ici à cheval, s’apprête à enfoncer sa lance dans le flanc du Christ qui vient d’expirer. A senestre est présenté le groupe de la pamoison de la Vierge retenue par saint Jean. De part et d’autre les deux larrons encadrent la scène.

Composition très à la mode au XVIIème siècle, réalisée dans le cadre d’une dévotion particulière et probablement intégrée initialement dans une série d’images narrant l’ensemble de la Passion, notre scène dérive de la gravure de l’artiste Jan Sadeler (1550-1600).

Taillé d’un seul tenant dans la masse de la pièce d’ivoire, notre relief présente une telle profondeur que le sculpteur a pu détacher tous les reliefs sans avoir recours à l’adjonction de pièces supplémentaires. La virtuosité d’exécution se manifeste également dans la présence du mouvement créé par le déploiement des drapés, la torsion et les raccourcis des corps souffrants des personnages. L’influence de Rubens est ici palpable, notamment dans la Crucifixion conservée au Musée royal des Beaux-Arts d’Anvers (dim. :311 x 429 cm, huile sur panneau de bois, Anvers) .

La taille en oblique du groupe cheval/Longin qui occupe toute l’épaisseur du relief et la façon dont est présentée la scène par plans étagés s’inscrivent également dans les recherches italiennes de la Renaissance, à l’instar de l’œuvre peinte de Titien, Le Christ et le bon larron, (vers 1566, huile sur toile, 137 × 149 cm, Bologne, pinacothèque nationale). Cette œuvre présente une perspective oblique qui était alors inédite dans la Venise du XVIe siècle. Inscrite dans l’ivoire, cette prouesse renforce encore la dramatisation et l’animation de la scène.

A la fougue de Rubens et à aux recherches de perspectives et de profondeurs italiennes, s’ajoute aussi la forte prégnance des leçons des grands maitres florentins et romains, Jean de Bologne,dans le traitement du Christ crucifié, et , Michel Ange dans la figure du bon larron agonisant.

Si l’influence de la gravure et si l’imitation des grands maitres du XVIème et XVIIeme siècles  italiens et flamands sont décelables, c’est cependant dans la sphère ultramontaine et allemande qu’il faut chercher  notre talentueux artiste.

Le travail sur ivoire et la confection de petits objets précieux, demandant habilité et précision, sont l’apanage particulier des artistes ayant œuvré dans les cours princières allemandes. La grande qualité de notre œuvre invite aussi à y voir la main d’un artiste majeur, peut-être d’Ignaz Helhafen (1658-c.1715) dont on connait un certain nombre de reliefs travaillés en creux, dans l’épaisseur de grandes plaques d’ivoire.

14 novembre 2020 Hôtel des Ventes Giraudeau 246-248, rue Giraudeau - 37000 Tours
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