Charles Adrien Prosper d'Épinay (1836-1914)

La Chanteuse florentine

Statuette en bronze à patine brune et rehauts d'or
Signé 'P d'Epinay' et porte la mention 'cire perdue' et le numéro ' N°2' à l'arrière
Porte les mentions du fondeur 'G. Nisini Fuse Roma' sur la tranche de la base

H. 30,5 cm

Famille de l'artiste, par descendance

Estimation : 4.000 / 6.000 €

Prix au marteau :

N° de lot : 205

Littérature en rapport :-Patricia Roux-Foujols, Prosper d'Epinay , un sculpteur mauricien à la cour des Princes, publié par
L'Amicale de L'Ile Maurice, s.d., p.92-93.

Natif de l’Ile Maurice, Prosper d’Épinay, fils du politicien Adrien d’Épinay, a connu une carrière cosmopolite et mondaine à Paris, Londres et Rome. Formé à Paris auprès du portraitiste et caricaturiste Dantan Le Jeune de 1857 à 1860, Prosper d’Épinay s’exerce très vite au portrait, catégorie dans laquelle il excelle. Il réalise, ensuite, comme tout artiste en formation de l’époque, un voyage d’étude en Italie, s’installe à Rome en 1864 où il entre dans l’atelier du sculpteur Luigi Amici avant d’ouvrir le sien (actif jusqu’en 1912). C’est aussi toute la culture antique qu’il embrasse et qui devient une source d’inspiration importante de son œuvre, bien que moins documentée et moins connue que ses portraits de la noblesse européenne et des grandes célébrités de l’époque.
Ce délicat bronze animée par un modelé nerveux et spontané préservé dans l’empreinte en cire témoigne de cette appétence pour la culture classique. Assise, la jeune fille vêtue d’une toge à la grecque, bat la mesure de sa main droite, tandis que sa main gauche tient une partition, la tête légèrement inclinée. La bouche entrouverte semble laisser échapper le son envoutant de la jeune chanteuse. L’œuvre se rapproche de deux œuvres exécutées par l’artiste : sa remarquable Sappho, illustre poétesse grecque, chef-d’œuvre de l’artiste exécuté vers 1895 et conservé au Metropolitan Museum of Art à New York (marbre, H. 166,1 cm, inv. O.L.97.IV) et à un vase Empire monumental en marbre blanc figurant Sapho assise de profil conservé au Musée d’Orsay (H.135 cm, vers 1890, inv.ChM 142).
Intitulée « Chanteuse florentine », ce petit bronze témoigne plutôt de l’admiration de l’artiste pour la production artistique de la Renaissance florentine. Il se rend à plusieurs reprises à Florence, notamment en 1871, et, en 1875 avec son ami Ernest Meissonier lors de la célébration du 4ème centenaire de Michel Ange. Sa fascination pour cette ville lui fait même regretter de ne pas s’y être installé : « Mon enthousiasme pour Florence. Le piédestal de Benvenuto. Je regrette de ne m’y être pas établi. Je ne comprenais pas encore l’art grec. Je ne le comprenais que comme on le comprenait alors à Paris » (note de l’artiste, sd). Difficile de ne pas y avoir un vibrant hommage à la Cantoria de Luca Della Robbia (Museo dell’opera del Duomo,Florence) ou à l’art du bronze de Benvenuto Cellini. La fonte est d’une qualité remarquable. Elle a été réalisée à Rome, ville où Prosper d’Épinay dirige son atelier et ses affaires, par le fondeur Giovanni Nisini. Ce dernier, qui a reçu une médaille d’or à l’Exposition d’Anvers en 1894 et à l’Exposition Universelle de 1900 à Paris, est fort réputé pour ses bronzes d’après les modèles les plus illustres de l’art antique et de la Renaissance.

Nous remercions vivement madame Patricia Foujols, spécialiste de Prosper d’Epinay, pour toutes les informations qu’elle a bien voulues nous communiquer.

22 octobre 2022 Maître Elodie Peeren - Hôtel des ventes de Saint-Omer 165 Rue de Dunkerque, 62500 Saint-Omer
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