Joseph-Antoine Bernard (1866-1931)

Jeune fille à la cruche

Modèle créé en 1910 ; Edition dite “ état petite nature ” par C. Valsuani ; Circa 1920-1931
Bronze à patine brune
Signé “ J. Bernard ”
Porte le cachet du fondeur « C. VALSUANI CIRE PERDUE »
Numéroté “ N°17 ” et “ © ”

H. 64 cm

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Estimation : 50.000 / 60.000 €

Prix au marteau :

N° de lot : 81

Littérature en rapport :-René Jullian, Joseph Bernard, Saint-Rémy-les-Chevreuses, Ed.
Fondation de Coubertin, 1989, modèle répertorié sous le n° 154, p. 301; -Joseph Bernard, 1866-1931, cat. Exp., Lisbonne, Museo Calouste Gulbenkian, mai-juin 1992, modèle répertorié sous le n°18, p. 100
-Sylvie Carlier, Alice Massé, Joseph Bernard, de pierre et de volupté, cat. exp. Villefranche-sur-Saône, musée Paul Dini, 18 octobre 2020-25 avril 2021, Roubaix, La Piscine-musée d’art et d’industrie André-Diligent, 20 mars-20 juin 2021, Gand, Editions Snoeck, 2020, pp. 220-221.

Œuvres en rapport :
-Joseph Bernard, Jeune fille à la cruche, plâtre, H. 64 x L. 26 x P. 32 cm, Paris, musée des Arts Décoratifs, inv. 23781 ;
-Joseph Bernard, Jeune fille à la cruche, réduction, bronze, signé sur la base, cachet  » cire perdue C. Valsuani « , H. 64 x L. 22 x P. 32 cm, Lisbonne, musée Calouste Gulbenkian ;

Réalisée par Joseph Bernard, cette sculpture en bronze représentant une jeune femme à la nudité sensuelle et gracieuse portant une cruche dans une position de charmante instabilité est sans aucun doute l’œuvre la plus iconique de cet artiste qui a tout le long de sa carrière été sensible à la beauté féminine et à la recherche de simplification des formes.

Le modèle original en plâtre accueillant les visiteurs dans la salle dédiée à l’Exposition de 1925 de la belle présentation « Le Paris de la Modernité » qui se tenait à l’hiver 2024 au Petit Palais à Paris, rappelle le vif engouement qu’a procuré cette idole féminine au corps lisse et à la silhouette balancée dès les années suivant sa création. L’œuvre que le peintre Jacques-Emile Blanche décrivait comme « un cri de curiosité, d’étonnement et d’admiration » semble avoir connu une première version avec le bras gauche tendu dans les années 1905/1907, période durant laquelle la beauté féminine et le mouvement occupent intensément le sculpteur. Une seconde version est finalisée en 1910. Haute de 184 cm, elle est présentée au Salon d’Automne de 1912 où la critique succombe à son charme et admire la modernité de son caractère synthétique : « …Vingt-trois belles silhouettes simplifiées d’abord par la pénombre, s’affir- ment bientôt. L’impression première rappelle la statuaire hindoue si extraor- dinaire de vie. Il s’y superpose un souvenir des marbres éginétiques et des rocs sculptés que Bacchus en sa course asiatique, essaima jusqu’aux grottes des actuels Lolos. Ce n’est qu’à l’étude que le détail indique la personnalité de l’artiste : Une jeune fille nue revient de la fontaine ; faible mais souple, elle porte la cruche d’eau puisée ; Ô l’agréable joliesse, la paix heureuse, la beauté fine ! » (La Plume, 1 novembre 1912, p.9/20).

Un exemplaire est fondu en bronze avant 1914 et est acquis par l’État en 1917 pour le musée du Luxembourg : l’artiste entre alors au Panthéon des artistes vivants. Le sujet est ensuite présenté dans sa taille originale ou à l’état petite nature, en plâtre ou en bronze, à toutes les expositions importantes tant internationales que rétrospectives où l’artiste fut représenté. Pour n’en citer que quelques-unes : l’Armory Show de New York de 1913, la Galerie des Arts en 1914, le Pavillon du Collectionneur de 1925 jusqu’au sa grande rétrospective de 1932 au musée de l’Orangerie, et, dernière en date, Le Paris de la Modernité au Petit Palais, en 2024.

Notre exemplaire correspond à l’édition dit « état petite nature » réalisée par le fondeur Claude Valsuani et dont vingt-huit épreuves ont été fondues sur les cinquante prévues à l’origine. Les archives de l’artiste mentionnent pour ce modèle dans sa version réduite deux épreuves numérotées “ 17 ” pour notre bronze et “ 17 bis ” pour l’exemplaire conservé au musée Calouste Gulbenkian.

20 mai 2025 Crait + Müller Hôtel Drouot, salle 5
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