Florence, fin du XVIème siècle, entourage de Jean de Bologne, dit Giambologna (1529-1608)

Hercule

Bronze à patine brun rouge
Porte une étiquette « Inv. -No. 86 » et le n° 86 à la peinture rouge à l'intérieur du socle
Accidents de fonte formant fissures à la cheville droite, au poignet droit et au bras gauche

H. 38 cm reposant sur un socle en marqueterie dite de style 'Boulle' H. 12 cm

-Collection particulière française ; -Par descendance.

Estimation : 50.000 / 60.000 €

Prix au marteau : 135.000 €

N° de lot : 223

Littérature en rapport :-Anthony Radcliffe, Nicholas Penny, Art of the Renaissance 1500-1600, The Robert Smith Collection, Philip Wilson Publishe, 2004, n°34 p.200- 203 ;
-Béatrice Paolozzi Strozzi, Giambologna, gli dei, glie roi, musées de Florence, mars 2006, modèle répertorié sous les n°24 et 25, pp. 212-213 ;
-Ss dir Tomasso Brothers, SCULPTURE II, catalogue de l'exposition tenue du 15 au 24 octobre 2009, notice 9, pp.28-32 ;
-Ss dir.Patricia Wengraf, Renaissance and baroque bronze bronzes from the Hill Collection, 2014 n°11 pp 164-169;
-Alexander Rudigier et Blanca Truyols, Giambologna, Court Sculptor to Ferdinando I, his Art, his style and the Medicis Gifts to Henri IV, édition révisée, Londres, Ad Ilissum, 2019, p. 152 et note 27 p.176.

Oeuvres en rapport :
-Giambologna, Marte incedente, statuette de bronze à patine marron foncé, H. 39, 6 cm, Leverkusen, Bayer AG ; Dresden Museum, n°inv. 1765 Bl. 095 Nr. 176 ;
-Giambologna et Susini, Hercule à la massue, bronze, H.42,2 cm, musée national du Bargello, n°inv.362B ;
-Antonio Susini d’après Giambologna, Mars, fonte vers 1600-1608, bronze, H.39,5 cm, Hill Collection, -Giovanni Francesco Susini d’après Giambologna, Florence, Mars, second quart du XVIIème siècle, H. 39,3 cm, provenance Palazzo Corsini, Collection Robert H. Smith ;
-Giambologna, Prométhée, bronze doré, H. 23,7 cm, provenance Comtesse de Chabannes, Château de la Bredé, Tomasso Brothers Ldt, (2009).

 

Les Travaux d’Hercule constitue un répertoire de prédilection pour les sculpteurs de la Renaissance voulant représenter le nu masculin et les sujets mettant en scène des personnalités héroïques. Jean de Bologne a ainsi réalisé six modèles de ces Travaux dans un petit format pour un décor de la Tribune de la Galerie des Offices en 1576-1589, ainsi que deux modèles complémentaires en 1590. Aucune de ces statuettes qui devaient être fondues en argent ne nous est parvenue. Après la mort du sculpteur en 1612, Pietro Tacca (1577-1640), l’un de ses fidèles collaborateurs, commence lui aussi des modèles pour une série commanditée par le Grand-Duc de Toscane pour le roi Jacques 1er d’Angleterre et finalisée par son neveu Fernando Tacca (1619-1686). Il semble alors que la figure du héros masculin devienne l’un des sujets privilégiés des ateliers florentins au tournant du XVIIème siècle. La majorité s’inspire des modèles du grand Maitre flamand tout en imaginant des variantes, comme le petit bronze de la Couronne portant le n°202 figurant Hercule et reprenant en partie l’attitude de l’Océan de la fontaine du Palais Pitti (Florence, seconde quart du XVIIème siècle, Hercule, bronze à patine brun noir, H. 45,5 cm, ‘Bronze de la Couronne’, Paris, musée du Louvre, n°inv. OA5426). Notre Hercule tenant de la main gauche une massue et de la droite une pierre dans une attitude dynamique annonçant une action imminente, dérive toutefois d’un autre modèle, l’un des plus célèbres de Giambologna. Il s’agit de son Mars, véritable image archétypale du héros masculin conçu à la fin des années 1570 et résultant de ses recherches sur les dieux colossaux, le Neptune de la fontaine de Bologne et l’Océan précité. L’un des plus anciens exemplaires en bronze, signé et documenté, date de 1587 et est envoyé à Dresde comme don personnel de l’artiste au Prince électeur de Dresde (n°inv. 1765 Bl. 095 Nr. 176). Ce modèle est ensuite répliqué de nombreuses fois par son atelier et notamment par son fidèle collaborateur Antonio Susini, puis par les générations suivantes. Si la composition générale est très proche, que ce soient l’attitude en torsion, le positionnement des jambes, la musculature du torse, la tête de l’homme barbue, des différences sont toutefois perceptibles dans de nombreux détails : les plus frappants et déterminants étant l’allongement de la tête et du toupet bouclé central au-dessus du front. L’attitude est moins dynamique en raison d’un entrax réduit entre les deux jambes et le talon du pied gauche posé à plat à terre. Enfin le positionnement des bras et des mains est différent. Plus encore qu’au modèle de Mars, c’est à un bronze doré représentant Prométhée identifié par la Galerie Tomasso Brothers il y a une quinzaine d’année que notre Hercule se rapproche le plus dans le style et la composition. Cette oeuvre, véritable découverte des dernières décennies, est considérée comme une oeuvre autographe de Giambologna. Inédit, notre bronze présente une qualité de fonte remarquable, les détails de la chevelure et de la musculature inscrites dans la cire sont très hautes qualités de même que le rendu de la patine avec ses nuances rouges chaudes. Les similitudes avec le Prométhée et le Mars de Giambologna pourraient laisser envisager la réalisation de ce petit bronze expérimental dans l’entourage du maître aux débuts de la production de ses séries de petits bronzes dans le dernier quart du XVIème siècle.

18 avril 2023 Boisgirard-Antonini Hôtel Drouot, salle 11
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