Jean-Antoine HOUDON (1741-1828) et son atelier
Georges Washington (1732-1799)
Modèle original créé en 1785
Buste en plâtre patiné façon terre cuite
Signé sur l'épaule droite «HOUDON F.»
Porte le cachet (lacunaire) en cire de l'atelier de Houdon à l'intérieur
H. 65 cm dont piédouche en marbre brèche, H. 14 cm
Famille de connaisseurs, Paris, vraisemblablement avant 1960
Estimation : 20.000 / 30.000 €
Prix au marteau : 700.000 €
N° de lot : 273
-Anne Poulet, Jean-Antoine Houdon. Sculptor of the Enlightenment, cat. exp., Washington, The National Gallery of Art, 4 mai-7 septembre 2003, Los Angeles, The J. Paul Getty Museum, 4 novembre 2003-25 janvier 2004, Versailles, Musée et Domaine national du Château de Versailles, 1er mars-30 mai 2004, Washington, University of chicago Press, 2003, P : 263-268 ;
- Louis Réau, Houdon : sa vie et son oeuvre, Paris, F. de Nobele, 1964 ;
- Paul Vitry, Centenaire de J.-A. Houdon, né à Versailles, cat. Exp., Versailles, Bibliothèque de Versailles, 1928, P : 38.
OEuvres en rapport :
– Jean-Antoine Houdon, Georges Washington (1732-1799), modèle original en terre cuite, H : 32 cm, Mount Vernon, Virginia, George Washington Estate, Museum & Gardens, inv. W-369 ;
– Jean-Antoine Houdon, George Washington (1732-1799), buste en terre cuite, H : 56 cm, Paris, Musée du Louvre, inv. RF 350 ;
– Jean-Antoine Houdon, George Washington (1732-1799), buste en marbre, H : 63 cm, Versailles, Musée National du château, inv. MV 630 ;
– Louis Léopold Boilly, L’atelier de Houdon, vers 1804, huile sur toile, H : 88 x L : 115 cm, Paris, musée des arts décoratifs, inv. PE 63.
Autre exemplaire en plâtre dit «à l’antique avec le torse nu» :
– Jean-Antoine Houdon, Georges Washington (1732-1799), vers 1786, plâtre patiné (à l’origine), H : 54,5 cm, Boston, Athenaeum, inv. UH150 ;
– Jean-Antoine Houdon, Georges Washington (1732-1799), plâtre teinté, H : 65 cm, n°59 du catalogue de l’exposition Centenaire de J.-A. Houdon, né à Versailles, Versailles, 1928
Fort de sa réputation d’illustre portraitiste, le sculpteur français Jean-Antoine Houdon est choisi, en 1784, par Thomas Jefferson et Benjamin Franklin pour réaliser la sculpture en pied de George Washington commandée par l’Assemblée législative de Virginie. Bien qu’il ait reçu pour modèle un portrait peint par Charles Wilson Peale, portraitiste officiel du héros de l’Indépendance américaine, Houdon entreprend tout de même le voyage aux États-Unis afin de travailler «d’après nature» à cette prestigieuse commande. Le sculpteur, accompagné de Benjamin Franklin et de trois assistants, embarque au Havre pour Philadelphie en juillet 1785. Lors de son séjour en octobre de la même année auprès du général résidant à Mount Vernon, il exécute un masque sur le vif et un buste en terre cuite. La grande sculpture en marbre du Père fondateur des Etats-Unis d’Amérique livrée en 1796, qui se trouve toujours au Capitole de l’État de Virginie à Richmond ainsi que les différentes versions en buste découlent toutes de ces deux oeuvres modelées à Mount Vernon durant l’hiver 1785. Houdon décline en trois versions différentes le buste de l’homme d’état. Une version «à l’antique» comme la terre cuite originale, une en tunique et toge et une en chemise et écharpe. Le buste que nous présentons est une des rares versions «à l’antique». Il est difficile d’être affirmatif quant au nombre de bustes en plâtre patiné dans cette version «à l’antique». Sur place, en 1785, Houdon en exécuta un premier exemplaire en plâtre tiré d’un moulage de la terre cuite modelée à Mount Vernon pour l’offrir à Franklin, cet exemplaire n’est plus localisé. En 1786, les assistants du sculpteur rentrèrent en France avec les moules du buste. En 1789 Jefferson est à Paris et en achète une épreuve à Houdon (patiné façon terre cuite, le buste est aujourd’hui décapé, il porte les restes du cachet en cire de l’atelier et est conservé à Boston, Athenaeum, inv. UH150). Un exemplaire en plâtre, non localisé aujourd’hui, faisait partie de la vente du fond d’atelier de l’artiste en 1828 sans que sa description ne nous permette de savoir s’il était patiné ou encore vêtu. La plupart des exemplaires qui nous sont parvenus sont des répliques tardives du modèle en toge déclinés pour beaucoup en terre cuite ou en bronze. Notre buste présente, au revers le cachet de cire qu’Houdon fait apposer sur ses bustes et que l’on retrouve sur tous les plâtres et terre cuites de son atelier mis en vente en 1795 et 1828. L’oeuvre est signée sous l’épaule dans le plâtre encore frais de sa belle signature en caractères cursifs et disjoints. L’empreinte est nette, vive, nerveuse et la patine d’origine d’un beau blond doré. Le buste repose sur son piédouche d’origine ; un élégant marbre brèche signe de l’attention toute particulière