Prosper d’Epinay (1836-1914)

Françoise de la Rochefoucauld (vers 1549-vers 1580), épouse de Claude d’Epinay

Terre cuite polychrome
Signée au verso au bas du bras droit « P. D’EPINAY »

Sur sa base en noyer de style néogothique, armoriée et titrée : « FRANCOISE DE LA ROCHEFOUCAUD / EPOUSE DE CLAUDE D’EPINAY / M1578 »


H. 60,3 x L. 39,5 x P. 21,7 cm, base : H. 13 cm x L. 53 x P. 27,4 cm

- Vente d’Epinay, Paris, Hôtel Drouot, 20-21 avril 1885, n° 40 (adjugé 540 francs). - Vente Drouot Estimation, 29 septembre 2017, n° 227.

Estimation : 10.000 / 15.000 €

Prix au marteau : 38.000 €

N° de lot : 133

Littérature en rapport :Patricia Roux-Foujols, Prosper d’Épinay, un sculpteur mauricien à la cour des princes, L’amicale île Maurice-France, 1996.

Natif d’une famille d’origine française de l’île Maurice devenue anglaise en 1814, l’artiste Prosper d’Épinay a connu une carrière cosmopolite et mondaine à Paris, Londres et Rome, liée sans doute à ses racines créoles et à des capacités d’adaptation qui lui permettent facilement de s’intégrer dans la haute société. Formé tout d’abord à Paris auprès du portraitiste et caricaturiste Dantan le Jeune de 1857 à 1860, Prosper d’Épinay s’exerce très vite au portrait, catégorie dans laquelle il excelle. Il devient l’un des spécialistes du genre les plus prisés de l’époque, au même titre que Carrier-Belleuse ou Carpeaux. Curieux et prolifique, il crée aussi des œuvres répondant au goût des années 1880 pour la sculpture polychrome, à l’instar de Charles Cordier, James Pradier ou Auguste Clésinger. Il réalise dès 1863 un buste en terre cuite polychrome du père Jacques-Désiré Laval (1803-1864), figure importante de l’île Maurice. À la polychromie, il associe le style néo-renaissance à la mode à la fin du XIXe siècle pour représenter encore sa fille Claire vers 1878, la comtesse Stroganoff vers 1876, la baronne de Bosmelet en 1882 et surtout son fils Georges, dans un remarquable portrait en buste, en costume Henri II , vendu par la galerie Talabardon & Gautier à l’Art Gallery d’Ontario (vers 1884, n° inv.2018/13). Ici ce n’est pourtant pas un contemporain, membre de sa famille ou ami, qu’il portraiture avec la fantaisie d’un déguisement Renaissance, mais son aïeule Françoise de la Rochefoucauld, seconde épouse du marquis Claude d’Epinay, mariée en 1578, comme l’indique le titre sur la belle base d’origine. La présence des armes des La Rochefoucauld et des Epinay de part et d’autre du titre invite à voir une motivation « généalogique » plutôt qu’historiciste à ce portrait sensible. L’artiste a pu, tout en rendant hommage à sa lignée, vouloir la conforter alors même que certains spécialistes (comme Gustave Chaix d’Est-Ange en 1918 dans son Histoire des familles françaises anciennes et notables) doutent de son bien-fondé historique. Cette représentation imaginaire de l’aïeule de Prosper d’Epinay présente, avec maestria, la minutie d’un portrait réaliste et la grâce d’une image idéalisée et solennelle inspirée des bustes florentins du XVe siècle. Le sculpteur s’est-il servi d’un modèle vivant ou bien a-t-il créé une personnalité intemporelle d’après des supports iconographiques de la Renaissance ? Nul ne le sait… Mais tout à chacun peut admirer dans ce portrait la maîtrise des techniques traditionnelles et l’inventivité formelle de Prosper d’Epinay.

21 mars 2023 Ader Nordmann Hôtel Drouot, salle 9
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