France, vers 1700 d'après un modèle de Jean de Bologne, dit Giambologna (1529-1608) ou d'Antonio Susini (1550-1624)
Enlèvement de Déjanire par le centaure Nessus
Bronze à patine mordorée translucide
Dim. : H. 42,5 x L. 36,5 cm Base en bois noirci à décor de mascarons à têtes de méduse en bronze doré
- Collection particulière française ; - Par descendance.
Estimation : 60.000 / 80.000 €
Prix au marteau : 60.000 €
N° de lot : 224
- H. Keutner, 'Appendice Bronzi Moderni' in Cataloge della Galleria Colonna Sculpture, Rome/Basto Arsizio, 1990, pp. 285-89, nos. III, IV.
-Sophie Baratte, Les Bronzes de la Couronne, cat. exp., Paris, Musée du Louvre, 12 avril-12 juillet 1999, modèle répertorié sous les n°175 et n° 176, p. 128 ;
-Anthony Radcliffe, Nicholas Penny, Art of the Renaissance 1500-1600, The Robert Smith Collection, Philip Wilson Publisher, 2004, cat.26, pp.164-171
-Béatrice Paolozzi Strozzi, Giambologna, gli dei, glie roi, musées de Florence, mars 2006, modèle répertorié sous le n°8, p. 173 ; pp ;170-171
Oeuvres en rapport :
-Jean de Bologne, Nessus enlevant Déjanire, bronze, signé « IOA BOLONGIE », Bronze de la Couronne n°176, H. 42,1 x L. 30,5 cm, Paris, musée du Louvre, n°inv. OA 11896 ;
-Antonio Susini, Nessus and Dejanire, c. 1580, bronze, Henry E. Huntington Art Collections;
-Antonio Susini, d’après un modèle de Giambologna, fin du XVIème -début du XVIIème siècle, Nessus et Déjanire, bronze, H. 43,5 cm, The Robert Smith Collection ;
-Attribué à Antonio Susini, L’enlèvement de Déjanire, bronze, H. 48 cm avec socle, Bronze de la couronne n° 175, Paris, musée du Louvre, n°inv. OA9520 ;
-Fin du XVIIème siècle d’après Giambologna et Susini, L’enlèvement de Déjanire, bronze, H .44 cm, Londres, Wallace Collection, n°inv. S115 ;
– France ?, fin du XVIIème siècle d’après un modèle d’Antonio Susini, L’enlèvement de Déjanire d’après Giambologna, bronze, H. totale ; 52,5 cm, Paris, musée du Louvre, n°OA3891.
Ce bronze d’une grande force dramatique et d’un grand dynamisme relate un extrait du livre X des Métamorphoses d’Ovide : le centaure Nessus enlève l’épouse d’Hercule, Déjanire alors qu’ils traversent la rivière Evenus. Ici le bruit et la fureur du moment sont mis en scène par l’attitude du centaure cabré, les projections des bras de Déjanire et la torsion des deux corps. La première mention de l’exécution d’un petit bronze illustrant ce sujet par Giambologna est conservée dans les archives de la famille Salviati et date de 1576 (oeuvre aujourd’hui conservée à Rome Galleria Colonna). Notre exemplaire se distingue cependant de cette première version par les détails suivants : Déjanire ne semble plus assise sur le dos du centaure mais enserrée dans ses bras, ici inversés (le bras droit ne traverse plus le buste de la jeune femme pour s’agripper à l’épaule gauche mais entoure l’abdomen, la main droite sous le sein gauche ; la main gauche de Nessus ne tient plus l’extrémité du drapé passant entre les deux corps pour retomber sur le flanc droit du centaure. Nessus tient fermement l’épaule droite de la captive tandis que le drapé s’échappe sur le flanc gauche). Les différentes versions ont été classées par les spécialistes de l’artiste, Charles Avery et Anthony Radcliff, en trois catégories ; notre bronze intégrant le corpus de type B dont la genèse est encore débattue. Elle ne fait en effet pas consensus entre les spécialistes qui pensent qu’il s’agit d’une révision radicale par Antonio Susini du modèle de Giambologna et ceux qui y voient une fonte de Susini d’après un modèle de Giambologna. Le biographe de Susini, Baldinucci raconte toutefois qu’après le départ de Susini de l’atelier du sculpteur flamand en 1600, il continua de travailler sur le groupe de Nessus et Déianire ; Giambologna admira apparemment tellement le groupe modifié qu’il envoya Pietro Tacca pour en acheter un pour la forte somme de 200 scudi. Parmi les exemplaires de type B recensés actuellement, ceux de la Robert Smith Collection et du Louvre (n°175 de la collection des Bronzes de la Couronne) ainsi qu’une troisième version non localisée (ancienne collection Princesse Wsevolojska) sont considérés comme des oeuvres authentiques d’Antonio Susini. Il est intéressant de noter que d’autres exemplaires de cette version de Type B étaient déjà connus en France dès le milieu du XVIIème siècle. L’un dans la collection du cardinal de Richelieu (cité dans son inventaire après décès de 1643), l’autre dans celle du célèbre sculpteur François Girardon (N°154bis de son inventaire après décès), tous deux considérés comme fondus par Susini d’après un modèle de Giambologna. Notre exemplaire de très belle qualité et à la belle patine mordoré translucide appartient certainement à cette production d’exemplaires réalisés dans la France de la fin du XVIIème siècle où les amateurs éclairés de bronzes désirent les modèles italiens les plus célèbres. Une autre version de cette période, conservée au Musée du Louvre et qui présente toutefois quelques variantes (notamment les mains de Déjanire), est considérée comme une fonte française et datée aussi du XVIIème siècle ; il est aussi à noter que le groupe mythologique est fixé sur une base quadripode orné de mascarons à têtes de méduse très similaire (n°inv. n°OA3891).