Attribué à Andrea Brustolon (1662-1732) et son atelier
Cupidon et Psyché accompagnés des Vertus
Cadre en pin sculpté en fort relief orné de figures allégoriques, feuilles d’acanthes et fleurs, vernis et traces de dorures
Restaurations
Dim. 273 x 194 cm
Provenance : Collection du Docteur Rau Vente pour l’Unicef II, 14/15 Novembre 2013, Lempertz Auktion 1019, lot 910
Estimation : 60.000 / 80.000 €
Prix au marteau :
N° de lot : 221
- A.M. Spiazzi, Andrea Brustolon (1662-1732), « il Michelangelo del
legno », Cat. Exp. au Palazzo Crepadona de mars à juillet 2009, Skira, p.223.
Bibliographie :
-Gary Schwartz, « De goudron schemer van Venetië », Amsterdam
Historich Museum, œuvre reproduite sous le numéro 73 page 97.
Ce cadre spectaculaire au décor animé de figures allégoriques en fort-relief et de végétaux mouvementés témoigne de la somptuosité du baroque vénitien dans les arts décoratifs du début du XVIIIème siècle.
Entre de grandes fleurs et des feuilles d’acanthe perlées hautement décoratives s’inscrivent trois putti accompagnés d’oiseaux. Un charmant couple composé de Cupidon assis sur un aigle et de
Psyché orne la partie sommitale. Selon un langage à plusieurs niveaux de lecture, le putto au casque ailé accompagné d’un dindon représente la vigilance mais aussi l’éveil qui doit sauver Psyché. Le putto au cygne symbolise la pureté, tandis que l’enfant tenant une colombe représente à la fois l’humilité et le mariage, tout en figurant la victoire de l’amour. L’aigle, forme animale de Zeus, aide quant à lui les deux jeunes amants.
Le cadre présente à la fois les vertus de la Vigilance, la pureté et l’humilité nécessaires à un pieux amour (ou un mariage ?) voué à la réussite et des éléments narratifs de l’histoire mythologique écrite par Apulée vers 150 après JC. La complexité du discours invite à penser que le cadre pouvait être associé à un portrait offert probablement en cadeau de mariage,plutôt qu’à un miroir.
La monumentalité architecturale du cadre, le raffinement du décor et la complexité de l’iconographie sont les indices d’une grande maîtrise et d’une grande main. Parmi les artistes actifs à Venise capables d’exécuter une telle prouesse, Andrea Brustolon apparaît le plus convaincant. Nommé par lacritique « le Michel-Ange du bois”, ce sculpteur natif de Belluno et élève du génois Filippo Parodi lors de son séjour à Rome entre 1678 et 1680, est l’un des principaux créateurs de sculptures figuratives en bois à Venise au tournant du siècle.
À la tête d’un atelier d’abord à Venise puis à Belluno, Andrea Brustolon a su créer, avec vivacité et élégance, tant dans les arts décoratifs profanes que dans le mobilier religieux, des œuvres à la fois imposantes et aux détails exquis et raffinés. Un cadre en pin aujourd’hui conservé au musée Belluno et daté des années 1715 présente des similitudes stylistiques et iconographiques frappantes avec notre œuvre.
