Attribué à Johann Georg Kern (1588-1662)

Cortège de putti

Plaque en albâtre sculpté en relief
Monogrammé "LK"
(Anciennes petites restaurations)

H. 25, 6 x L. 24,7 cm

Collection privée du Sud-Ouest de la France

Estimation : 30.000 / 50.000 €

Prix au marteau :

Littérature en rapport :- Harald Siebenmorgen, Malcolm Baker, Leonhard Kern, Neue Forschungsbeiträge; cat. Exp. 22. Octobre 1988 - 15 Janvier 1989, Hällisch-Fränkischen Museum, Schwäbisch Hall, 1990.
- Ss dir. Walter Rössler, Vera Schneider, Dr Walther-Gerd Fleck, Die Künstlerfamilie Kern (1529-1691), Hohenloher Bildhauer und Baumeister des Barock, Jan Thorbecke Verlag, Sigmaringen, 1998;
- Vera Schneider, Michael Kern (1580-1649). Leben und Werk eines deutschen Bildhauers zwischen Renaissance und Barock, Jan Thorbecke Verlag, Stuttgart, 2003;
-Fritz Fischer, « Grosse Kunst in kleinem Format, kleinplastiken von Leonhard Kern », 2004, in Weltkunst, 74, 2004, p.14-17;
- Georg Satzinger, Sebastian Schütze , Der Göttliche : Hommage an Michelangelo, München, Hirmer, 2015;
- Leonhard Kern, der deutsche Giambologna, Herausgegeben von Georg Laue mit einem Beitrag von Virginie Spenlé ; Fotografie: Jens Bruchhaus; Gestaltung: Michael Hahn, München : Kunstkammer Georg Laue, 2016 ;
- Virginie Spenlé, A newly discovered masterpiece by Leonhard Kern, Hercules and Hippolyta, Julius Böhler, Kunsthandlung GmbH, 2017.

Lot 73

 

Œuvres en rapport :

-Johann Georg Kern, Jeux d’enfants, albâtre, 20 x 26 cm, Schwäbisch Gmünd Städtisches Museum, inv.Nr 4947 ;

– Johann Georg Kern, Chope en ivoire orné d’une bacchanale d’enfants, vers 1680, Berlin, Staatliche Museen Preussischer Kulturbesitz, Kunstgewerbe museum ;

-Betzoldt-Werkstatt, Cylindre avec bacchanale d’enfants, ivoire, vers 1680, Berlin, Staatliche Museen Preussischer Kulturbesitz, Kunstgewerbe museum ;

 

Très soigneusement sculpté dans une plaque d’albâtre, ce relief figurant quatre putti dansants est une belle découverte. Il s’agit d’œuvre issue de l’atelier créé par le sculpteur allemand Leonhard Kern et repris par son neveu Johann Georg Kern, comme l’atteste le monogramme « LK » inscrit au centre de sa partie inférieure.

Véritable témoin de l’évolution de la sculpture européenne du XVIIème siècle, cet atelier produit de petites sculptures en matériaux précieux – ivoire, albâtre et buis- inspirées des grands artistes italiens de la Renaissance.

Sculpteur officiel de la cour de l’Electeur Brandebourgeois, Leonhard Kern travaille aussi pour le compte de riches commanditaires princiers. Ce volume de commandes implique la mise en place d’un processus de prototypes utilisés comme modèles. Ces prototypes semblent avoir été dotés d’une marque reprenant le monogramme « LK » de l’artiste afin de les distinguer.

Lorsque Leonhard meurt le 4 avril 1662 à Schwäbisch Hall, la direction de l’atelier est reprise par son talentueux neveu, Johann Georg Kern. Cette succession familiale garantit la perpétuation du style et des sujets, notamment grâce à la présence de ces œuvres « modèles ».

Notre plaque s’inspire plus particulièrement de l’art de la Renaissance florentine, tant dans le thème des putti que dans la représentation de la nudité dont Kern et ses successeurs sont de fidèles traducteurs. Le style du maître y est largement reconnaissable dans le canon des personnages, trapu et rond, dans les visages et le traitement des chevelures, dans l’exquise finesse des détails anatomiques, des oreilles, des mains et des pieds, ainsi que dans l’harmonie des proportions.

Dans la même veine que Donatello et de Jacopo della Quercia, notre relief présente un cortège de quatre enfants potelés et dansants. La position du bras et la légère saillie du drap dans la main gauche du putto à dextre laisse supposer qu’une (ou plusieurs autres plaques) complétait la scène. L’une d’entre elles pourrait bien être celle conservée actuellement à Schwäbisch Gmünd (Dim. : 20 x 26 cm, Schwäbisch Gmünd Städtisches Museum, inv.Nr 4947). La photographie en noire et blanc publiée dans le catalogue de l’exposition Leonhard Kern, Neue Forschungsbeiträge, ne permet pas de juger de sa qualité d’exécution, mais il est à noter qu’elle est donnée à Johann Georg Kern. Or notre œuvre a servi de modèle pour des chopes ou des cylindres en ivoire exécutés par ce même Johann Georg Kern, puis par la suite, par un autre disciple de Leonhard, Johann Jakob Betzoldt (1621-1707). Comme Leonhard exécutant un bas-relief sur une plaque de pierre de Solnhofen (Leonhard Kern, Les trois Grâces, Solnhofener Stein, vers 1645, Hamburg, Museum für Kunst und Gewerbe) représentant les Trois grâces repris par lui sous une forme cylindrée, (Johann Georg Kern, chope aux sept femmes, ivoire, vers 1658, Stuttgart, Württembergisches Landes-Museum) Johann Georg a ici réalisé un modèle de grande qualité, ressource iconographique et stylistique pour l’atelier. Ces chopes ou ces cylindres, considérés plutôt comme des vases d’apparat destinés à être exposés, étaient le support de prédilection de ces bacchanales de Putti et sont devenus les principales réalisations de l’atelier Kerndans dans la seconde moitié du XVIIème siècle. Dans ce contexte particulier, on comprend donc le statut de notre œuvre, celui de prototype, initiant ces pièces de formes.

12 décembre 2020 Hôtel des Ventes de Monte-Carlo 10-12 Quai Antoine Ier - 98000 Monaco
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